Stockage primaire : faut-il désormais penser "plates-formes" ?
Le Magic Quadrant du stockage primaire, à l'image de celui dédié au DevOps, en vient à inclure la notion de "plate-forme" dans sa terminologie.
Quel poids pour la performance environnementale dans le choix de solutions de stockage primaire ?
Dans le Magic Quadrant dédié à ce segment de marché, le critère a pris de l'importance.
L'an dernier, Gartner avait donné un bon point à un des fournisseurs classés parmi les "leaders". En l'occurrence, Hitachi Vantara. Cette fois-ci, ils sont deux à en bénéficier : IBM et NetApp. Le premier, pour les garanties d'efficacité énergétique qu'il fournit. Le second, pour les indicateurs livrés sur le portail BlueXP.
Des "produits" aux "plates-formes" de stockage primaire
D'une édition à l'autre, l'intitulé même du Magic Quadrant a changé. Il n'est plus question de "stockage primaire", mais de "plates-formes de stockage primaire". Le résultat d'une convergence produits-services qui s'était déjà manifestée, ces dernières années, par l'allongement de la liste des briques obligatoires. Le STaaS l'était devenu en 2022. L'AIOps, en 2023, au minimum pour la maintenance prédictive du matériel et l'adaptation dynamique du stockage aux besoins des applications.
Le carré des "leaders" reste dense, mais moins que l'an dernier. Huawei, Hitachi Vantara et Infinidat n'en sont plus. Tous trois ont rétrogradé chez les "challengers", conséquence d'un recul sur l'axe dit "vision". Celui-ci reflète les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L'autre axe, dit "exécution", mesure la capacité à répondre effectivement au marché (expérience client, performance avant-ventre, qualité des produits/services...).
Sur l'axe "vision", la situation est la suivante :
Rang | Fournisseur | Évolution annuelle |
1 | Pure Storage | = |
2 | NetApp | = |
3 | HPE | = |
4 | IBM | + 1 |
5 | Dell Technologies | - 1 |
6 | Huawei | = |
7 | Hitachi Vantara | = |
8 | Zadara | nouvel entrant |
9 | Infinidat | - 1 |
10 | IEIT SYSTEMS | - 1 |
Sur l'axe "exécution" :
Rang | Fournisseur | Évolution annuelle |
1 | Pure Storage | = |
2 | HPE | + 3 |
3 | Huawei | + 1 |
4 | NetApp | - 1 |
5 | Dell Technologies | - 3 |
6 | IBM | = |
7 | Infinidat | = |
8 | Hitachi Vantara | = |
9 | IEIT SYSTEMS | = |
10 | Zadara | nouvel entrant |
Le STaaS bloc qu'il était nécessaire de proposer pour figurer au Magic Quadrant pouvait aussi bien être géré par le vendeur que par le client. Les services de données complémentaires pouvaient éventuellement être sourcés d'un tiers. Les SDS devaient quant à eux couvrir au moins un cloud hyperscale en plus des environnements on-prem. Gartner n'a pas tenu compte de ceux qui entraient dans le cadre d'une offre HCI. Ni des solutions spécialisées (vidéosurveillance, HPC...).
Dell Technologies en manque d'OS unifié
Dell a pour lui la garantie de réduction des données (5:1) sur ses offres PowerMax et PowerStore. Gartner apprécie aussi l'intégration de ces mêmes offres avec PowerProtect Data Domain pour la sauvegarde/restauration. Bon point également pour les capacités d'orchestration d'APEX Navigator.
Gartner regrette les complexités liées à l'absence d'OS unifié entre les baies milieu / haut de gamme et le cloud public. Il pointe aussi le manque de garanties SLA sur la protection contre les ransomwares et l'efficacité énergétique. Ainsi que la limitation de capacité des SSD à 30,6 To, sans fonctionnalité d'offload.
Cyber et environnement : des SLA à développer chez HPE
Cette "limite des 30,6 To" vaut aussi un mauvais point à HPE. Tout comme les SLA environnementaux et cyber. Gartner souligne aussi la potentielle confusion que peut engendrer la consolidation d'offres sous la bannière GreenLake for Block Storage.
GreenLake for Block Storage apporte toutefois une forme de standardisation entre on-prem et cloud (AWS). Ce qui plaît au cabinet américain, comme les capacités de simulation de workloads et le rapport qualité/prix de la baie Alletra MP.
IBM pas compétitif sur la QLC
IBM se distingue avec son programme Storage Assurance, qui apporte un abonnement à prix fixe avec garanties de performance. Autre point fort : la gestion efficace des assets sur Flash Grid. S'y ajoute la garantie d'efficacité énergétique sus-évoquée.
IBM n'a pas, en revanche, de baies QLC compétitives face aux baies hybrides. Il lui manque, en outre, le support de services de type fichier sur ses offres de stockage bloc. Par ailleurs, ses baies FlashSystem ne permettent pas, sur site, de faire évoluer séparément les ressources de calcul et de stockage.
NetApp, un SDS on-prem encore agrégé
Même impossibilité de séparer calcul et stockage sur site chez NetApp. S'y ajoute la fameuse "limite des 30,6 To" sur les offres ASA et AFF. Ainsi que l'absence de SLA compétitif sur la partie détection de ransomwares.
Gartner apprécie toutefois la garantie Ransomware Recovery (compensation en cas d'impossibilité de restaurer des données depuis le snapshot). Il salue aussi, en plus des données environnementales sur BlueXP, la solution bare metal as a service proposée avec Equinix.
Le coût d'un modèle capex "moderne" chez Pure Storage
Pure Storage a pour lui l'adéquation des garanties SLA sur les abonnements STaaS Evergreen//One. L'intégration du plan de contrôle de Pure Fusion dans l'OS Purity (éliminant les dépendances pour la gestion de flotte et le support) lui vaut un autre bon point. Comme les DFM (Direct Flash Modules, SSD sans DRAM), qui ouvrent des possibiilités autant en matière de performances que de gestion.
Comme chez IBM et NetApp, le SDS Pure Storage ne permet pas de faire évoluer séparément calcul et stockage sur site. Attention aussi aux coûts que le programme Evergreen//Forever (modèle capex) suppose si on cherche à moderniser sa gestion du cycle de vie. Gartner note aussi un retard sur la diversification de la clientèle hors US.
Illustration © trustypics - Visualhunt
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