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Les compétences en IA, entre forte demande et fort potentiel d'automatisation

Les données du Forum économique mondial dépeignent des compétences IA/big data à la fois très recherchées et sujettes à un fort potentiel d'automatisation.

Publié par Clément Bohic le - mis à jour à
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Les compétences en IA, entre forte demande et fort potentiel d'automatisation
© Jirsak - Shutterstock

Comment jauger le poids du numérique dans l'économie ? Par exemple, en analysant son influence à la fois sur l'évolution des tâches, des compétences et du marché de l'emploi.

Le Forum économique mondial suit cette approche dans le cadre de son Future Jobs Report, dont il a récemment publié la 5e édition.

Sur l'évolution des compétences

Les employeurs interrogés considèrent que les travailleurs peuvent s'attendre, d'ici à 2030, à la transformation ou à l'obsolescence de 39 % de leurs compétences. Ce taux est plus faible qu'en 2018 (42 %), en 2020 (57 %) et en 2023 (47 %). Le Forum économique mondial y voit notamment une conséquence de la formation et/ou la montée en compétence d'une part croissante des travailleurs (50 % désormais, contre 41 % au pointage précédent).

En France, les employeurs tablent sur la transformation ou l'obsolescence de 33 % des compétences à la même échéance. Ils considèrent que :

  • 38 % des travailleurs n'auraient pas besoin de montée en compétence (monde : 35 %)
  • 31 % en auraient besoin dans leurs fonctions actuelles (monde : 29 %)
  • 20 % en auraient besoin dans l'optique d'aller vers d'autres fonctions (monde : 19 %)

La taxonomie du Forum économique mondial comprend environ 2800 compétences. D'après une analyse fondée sur GPT-4o, la probabilité que la GenAI prenne le relais de l'humain est "basse" ou "très basse" pour 69 % d'entre elles. Elle est "modérée" pour 28,5 %.
Si on additionne les probabilités "modérée" et "haute", les taux les plus élevés sont sur :

  • IA/big data (95 % environ)
  • Lecture/écriture/mathématiques (90 % environ)
  • Marketing et médias (90 % environ)
  • Multilinguisme (85 % environ)
  • Programmation (85 % environ)
  • Gestion financière (85 % environ)
  • Fiabilité et attention aux détails (50 % environ)
  • Curiosité (45 % environ)
  • Design UI/UX (40 % environ), etc.

La part des employeurs considérant la compétence IA/big data comme fondamentale (core) progresse de 17 points d'un rapport à l'autre. C'est autant que l'item résilience/flexibilité/agilité et seulement moins que leadership/influence (22 points).
En opposant les employeurs qui considèrent que l'importance d'une compétence diminue à ceux qui considèrent qu'elle augmente, on trouve les plus gros écarts sur des compétences technologiques. En l'occurrence, IA/big data (87 %), réseaux/cybersécurité (70 %) et tech literacy (68 %). Suivent pensée critique (66 %), résilience/flexibilité/agilité (66 %) et curiosité (61 %).

Sur l'évolution des tâches

Au niveau mondial, les employeurs estiment actuellement que 47 % des tâches sont réalisées essentiellement par des humains. 22 %, essentiellement par des machines. Le reste en tandem. La sentiment est similaire en France (46 / 22 / 32). Même constat à l'horizon 2030. À quelques points de pourcentage près, les tâches se répartiront de manière égale entre ces trois catégories.
Ces estimations ne tiennent pas compte d'une éventuelle augmentation de la productivité, quantitative ou qualitative, précise le Forum économique mondial.

Au niveau mondial, les stratégies de réponse à l'IA pour la période 2025-2030 impliqueront :

  • Formation des travailleurs pour mieux utiliser l'IA (mentionné par 77 % des répondants)
  • Embauche de personnel pour créer des outils et des améliorations spécifiques (69 %)
  • Embauche de travailleurs ayant des compétences pour utiliser l'IA (62 %)
  • Réorientation de l'organisation pour cibler des opportunités créées par l'IA (49 %)
  • Mobilité interne pour les postes menacés par l'IA (47 %)
  • Réduction des effectifs là où l'IA peut faire le travail (41 %)

Quant aux barrières à l'adoption de l'IA, le premier élément qui ressort est le manque de compétences (50 %). Suivent le manque de vision chez les leaders et les managers (43 %), le coût élevé des produits et services (29 %), le manque de capacités de personnalisation (24 %) et la réglementation (21 %).

Sur l'évolution du marché de l'emploi

Au global, sur la période 2025-2030, 170 millions d'emplois (soit 14 % du volume actuel) seraient créés ; 92 millions, supprimés.

En valeur relative, les plus fortes croissances du nombre d'emplois seront dans des métiers du numérique : spécialistes big data (+110 % environ), ingénieurs fintech (+90 %), spécialistes IA/ML (+80 %), développeurs (+60 %). On sort ensuite du "pur tech" avec les spécialistes en gestion de la sécurité (+50 %), même si les tendances technologiques contribuent partiellement à la croissance, précise le Forum économique mondial. On repart ensuite sur des métiers touchant au numérique comme les spécialistes du data warehousing et les designers UI/UX, avant d'arriver aux... chauffeurs-livreurs (+40 %).

Ces derniers seraient, en valeur absolue, 10 millions de plus en 2030 qu'en 2025. La palme reviendrait aux agriculteurs (+35 millions). Les développeurs seraient 7 millions de plus, soit une croissance supérieure aux effectifs des vendeurs en magasin (+5 millions) ainsi que des métiers du soin et du service en restauration (+3 millions chacun).

Parmi les tendances macro, la numérisation sera celle qui, à la fois, créera le plus d'emplois (19 millions) et en détruira le plus (9 millions). Le solde net (9,9 millions) serait plus important que ceux liés à la croissance de la population en âge de travailler (9,1 millions), aux efforts de transition climatique (5,5 millions) et à l'attention accrue portée aux problèmes sociaux (5,2 millions).

Illustration © Jirsak - Shutterstock

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