Gestion du travail collaboratif : l'opportunisme guide l'adoption
Le Magic Quadrant des outils de gestion du travail collaboratif dénote une tendance aux déploiements « tactiques ». Quels fournisseurs s’y distinguent ?
Les outils de gestion du travail collaboratif, souvent déployés de manière opportuniste ? Gartner en fait le constat dans son Magic Quadrant dédié à ce marché.
Les modèles freemium favorisent la tendance à des « efforts non coordonnés », pour reprendre les termes du cabinet américain. L’introduction de ces outils peut ainsi être le fait de petites équipes, voire d’utilisateurs finaux, sans stratégie globale. Cela a des implications en matière de gouvernance (contrôle qualité, gestion des données, maintenance…).
Se pose aussi la question de la pérennité des offres. Sur un segment où les grands fournisseurs de plates-formes n’ont globalement pas encore abattu leurs cartes, évoluent de « petits » acteurs tendant à privilégier la part de marché à la rentabilité.
Pour figurer au Quadrant, il fallait proposer un produit autonome, couvrant au minimum les aspects planification, collaboration, workflows et automatisation, reporting et analytics, avec également des « accélérateurs de use cases ».
Entre autres seuils qu’il fallait respecter (sur l’année 2022) :
– 50 M$ de revenus ou 300 ETP dédiés à l’offre
– 300 nouveaux clients ou 30 000 nouveaux utilisateurs finaux (hors offres gratuites)
– 100 clients à plus de 100 000 $ ou 100 clients à plus de 1000 utilisateurs finaux
Dix fournisseurs, cinq « leaders »
Le positionnement au sein du Quadrant résulte d’une évaluation sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).
La situation sur l’axe « vision » :
Rang | Fournisseur |
1 | Asana |
2 | monday.com |
3 | Smartsheet |
4 | Wrike |
5 | Airtable |
6 | Adobe |
7 | ClickUp |
8 | Quickbase |
9 | Atlassian |
10 | Notion |
Sur l’axe « exécution » :
Rang | Fournisseur |
1 | Smartsheet |
2 | monday.com |
3 | Asana |
4 | Wrike |
5 | Adobe |
6 | Airtable |
7 | Atlassian |
8 | ClickUp |
9 | Quickbase |
10 | Notion |
Airtable : une couverture géographique à améliorer
Airtable se distingue par sa compréhension du marché, en particulier à travers l'approche no-code. L'expérience client lui vaut aussi un bon point, notamment sur l'automatisation, la sécurité et les intégrations.
Gartner n'est pas aussi positif concernant la présence géographique d'Airtable. Que ce soit au niveau des datacenters, du réseau de partenaires ou de la prise en charge linguistique. Côté produit, le cabinet américain recense des faiblesses sur la création de contenu, le reporting dynamique et l'accompagnement de use cases.
Asana : une approche qui manque de verticalité
Asana a aussi droit à un bon point sur l'expérience client, au nom de l'UX globale. Gartner salue aussi l'étendue de sa couverture géographique et la notoriété de sa marque.
Les faiblesses du produit touchent à la prise en charge de agendas, à la création de contenu, aux widgets de reporting et à la gestion des workflows complexes. Asana manque par ailleurs de programmes axés sur des métiers et des secteurs d'industrie.
La tarification, point noir chez monday.com...
La notoriété de marque est également un point fort de monday.com. Tout comme l'expérience client (sur le cœur fonctionnel et le support des use cases) et certaines fonctionnalités de son produit (création de formulaires, automatisation visuelle, élasticité à l'appui d'une base de données spécifique).
Gartner est plus réservé sur la fiabilité même de l'entreprise, au vu de ses ambitions au-delà de ce marché. Il regrette aussi une tarification moins flexible et tendant à être plus élevée que chez les autres fournisseurs classés au Quadrant. Il existe en outre une marge de progression sur la gestion des workflows, le reporting dynamique et la recherche de données.
... et chez Smartsheet
Autre bon élève sur l'expérience client et la notoriété de marque : Smartsheet. Gartner souligne aussi son historique sur ce marché : il fut l'un des premiers à ajouter des fonctionnalités d'intégration de données, de dataviz, de reporting centralisé et de déploiements de workflows multiplateformes.
Hors cœur fonctionnel, l'offre reste limitée sur la collaboration visuelle, la création de document et la recherche universelle. La personnalisation des interfaces pourrait être améliorée, ajoute Gartner, qui pointe aussi la prise en main délicate pour les nouveaux utilisateurs. Vigilance aussi sur la tarification, moins transparente que chez les concurrents (intégrations, modules optionnels).
Lire aussi : PaaS et multicloud, une antinomie ?
Wrike : le poids de l'ère Citrix
Comme Asana, Wrike est gratifié d'un bon point pour l'UX globale. Gartner l'en crédite d'un autre pour sa compréhension du marché. Côté produit, le cabinet américain apprécie la brique no code, les templates et les « accélérateurs de use cases ».
Wrike revendique une base client plus petite que ses principaux concurrents. Ses partenariats sont par ailleurs limités hors des plaques USA et Europe (où se trouvent ses deux datacenters). Il lui faut aussi récupérer l'élan perdu sous la période Citrix, autant en termes de part de marché que de notoriété.
Illustration © nsit0108 - Adobe Stock
Sur le même thème
Voir tous les articles Open source