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Gestion du travail collaboratif : quelle place pour les solutions autonomes ?

Quoique des offres autonomes demeurent, la gestion du travail collaboratif tend à être englobée dans des solutions logicielles plus larges.

Publié par Clément Bohic le - mis à jour à
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Gestion du travail collaboratif : quelle place pour les solutions autonomes ?
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Pour des garanties de transparence, choisir un fournisseur coté en Bourse ?

Gartner ne se montre pas si affirmatif dans son dernier Magic Quadrant des solutions de gestion du travail collaboratif. Il appelle néanmoins à la vigilance à l'égard de Smartsheet, en passe de redevenir une entreprise privée. Une démarche qui "impactera probablement la visibilité de sa stratégie, de sa roadmap et de ses résultats".

Smartsheet fait, d'après son positionnement dans le Magic Quadrant, partie des "leaders" de ce marché. C'était déjà le cas l'an dernier. Même chose pour Airtable, Asana, monday.com et Wrike.

Sur l'ensemble du Magic Quadrant, on constate peu de mouvements d'une année à l'autre. Aucun fournisseur n'y est entré. Notion - qui figurait au rang des "acteurs de niche" en 2023 - en est en revanche sorti. La raison : son produit est surtout utilisé pour la "création collaborative de contenu" plutôt que pour la gestion du travail collaboratif (au sens de planification et d'exécution).

Davantage de fournisseurs auraient pu être classés si Gartner n'avait pas limité le périmètre aux logiciels autonomes. Des offres issues de segments adjacents (gestion de projets, intranets, outils de développement, suites bureautiques cloud...) tendent effectivement à se positionner sur la gestion du travail collaboratif, y voyant une manière d'élargir leur clientèle.

Au-delà d'être autonomes, les produits devaient couvrir au minimum les aspects planification, collaboration, workflows et automatisation, reporting et analytics, avec également des "accélérateurs de use cases" (solutions axées sur des secteurs ou des métiers). Ce sont globalement les mêmes critères fonctionnels que l'an dernier.
Les seuils business à respecter sont eux aussi largement demeurés les mêmes. Il fallait, en l'occurrence, être en mesure de revendiquer :

  • Sur l'offre concernée, 70 M$ de revenus en 2023 ou 300 ETP dédiés
  • 300 nouveaux clients ou 30 000 nouveaux utilisateurs finaux (hors offres gratuites)
  • 100 clients à plus de 100 000 $ ou 100 clients à plus de 1000 utilisateurs finaux

Neuf fournisseurs, cinq "leaders"

Le positionnement au sein du Magic Quadrant résulte d'une évaluation sur deux axes. L'un prospectif ("vision"), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L'autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande ("exécution" : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...).

Sur l'axe "exécution", la situation est la suivante :

RangFournisseurÉvolution annuelle
1Smartsheet=
2monday.com=
3Asana=
4Adobe+1
5Wrike-1
6Airtable=
7Atlassian=
8ClickUp=
9Quickbase=

Sur l'axe "vision" :

RangFournisseurÉvolution annuelle
1monday.com+1
2Asana-1
3Smartsheet=
4Airtable+1
5Wrike-1
6Adobe+1
7ClickUp-1
8Atlassian+1
9Quickbase-1

Airtable développe encore sa présence régionale...

Airtable a droit à un bon point sur la partie produit, en particulier pour avoir introduit une bibliothèque d'applications personnalisables. Gartner salue aussi la brique Cobuilder, qui apporte de l'IA à divers niveaux, permettant notamment de créer des assistants contextualisés. Le cabinet américain souligne également la viabilité d'Airtable, au sens où il est déjà profitable, au contraire de beaucoup d'autres sur ce marché.

L'appréciation n'est pas aussi favorable quant à la stratégie commerciale. En tout cas sur le fait que les programmes revendeurs et distributeurs d'Airtable commencent seulement à se développer (même s'il existe une marketplace). Autre point de vigilance : une présence régionale (datacenters et partenaires compris) encore "en cours d'évolution" et doublée de lacunes dans le support linguistique.

... et Asana, son approche sectorielle

Au contraire d'Airtable, Asana bénéficie d'un bon point sur sur présence géographique, que ce soit en direct ou via des partenaires locaux. Gartner apprécie aussi son marketing (haute notoriété, nombreux clients à plus d'un millier d'utilisateurs) et son écosystème (exhaustivité des certifications, programme de "clients ambassadeurs", liens avec le monde académique dans le cadre d'un Work Innovation Lab...).

Asana a une marge de progression sur l'approche sectorielle / métiers (programmes commerciaux en cours d'ajustement). Attention aussi à la courbe d'apprentissage pour les nouveaux utilisateurs. Gartner note par ailleurs une baisse de la croissance des revenus et des effectifs.

Attention aux coûts supplémentaires chez monday.com

Gartner crédite monday.com d'un bon point pour diverses améliorations fonctionnelles apportées à sa plate-forme (gestion du cycle de vie des données, graphe de connaissances pour la gestion des utiilisateurs...). Gartner lui en donne d'autres pour son marketing (programme freemium, notamment) et sa capacité à packager des solutions adaptées à des use cases.

Revers de la médaille : cette capacité à délivrer de tels "accélérateurs" est susceptible de diluer les ressources de monday.com. Qui, comme Asana, peut impliquer une courbe d'apprentissage, en tout cas pour des fonctions avancées. On prêtera aussi attention au modèle tarifaire, transparent sur le coeur fonctionnel, mais qui suppose des coûts spécifiques pour l'approche par use cases.

... et chez Smartsheet

À l'instar d'Airtable, Smartsheet se distingue sur la partie IA, de l'analyse de sentiment à la création de formules. Autres bons points : l'expérience client (exhaustivité de la formation et de la certification, revue annuelle d'adoption) et l'exécution commerciale (clientèle en expansion, avec beaucoup de gros déploiements et un grand réseau de partenaires).

Au-delà des questions de transparence relatives à sa sortie de Bourse, Smartsheet présente, comme d'autres, une courbe d'apprentissage pour la prise en main (complexités sur l'intégration et la création de formules, en particulier). Quant à la tarification simplifiée introduite en 2024, elle a supprimé une option gratuite (free collaborator), ce qui peut faire monter les coûts dans certains cas. Attention aussi aux frais supplémentaires pour certaines capacités d'intégration, de reporting et d'administration.

Wrike, au sortir d'une zone de turbulences

Wrike, qui fut l'un des premiers entrants sur ce marché, est "plus proche de la profitabilité que d'autres". Il se distingue aussi par le niveau de satisfaction global exprimé sur l'expérience utilisateur et l'"abordabilité" de ses solutions. Gartner mentionne aussi les capacités dans le domaine de la conformité. Ainsi que la brique Datahub, récemment introduite, qui favorise le développement de modèles spécialisés.

La présence régionale de Wrike est à moindre échelle par rapport à ses principaux concurrents. On surveillera aussi la réorganisation de son programme partenaires, susceptible de "perturber sa croissance". Un phénomène déjà constaté en 2023 à la suite du changement de propriétaire et de direction. S'est ensuivie une réduction des effectifs.

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