AMD, Intel et NVIDIA, bientôt actionnaires de Kalray ?

Kalray Pliops

Kalray envisage un rapprochement avec Pliops, société israélienne partiellement concurrente qui compte AMD, Intel et NVIDIA dans son actionnariat.

Retrouvera-t-on bientôt AMD, Intel et NVIDIA au capital de Kalray ? Il y a de grandes chances.

L’entreprise iséroise est entrée en négociations exclusives avec la société israélienne Pliops en vue d’un rapprochement par échange d’actions. Un deal « fait à 90 % », à en croire Éric Baissus, président du directoire.

NVIDIA via Mellanox, AMD via Xilinx

Né en 2017, Pliops avait bénéficié du soutien d’Intel la même année, dans le cadre d’une levée de 10 M€ impliquant également Western Digital et des VC israéliens (State of Mind Ventures, Viola Ventures).
AMD avait récupéré une part du gâteau en 2022… après avoir acheté Xilinx, qui avait investi dans Pliops trois ans plus tôt (série B, 30 M€). NVIDIA avait rejoint la boucle lors de ce même tour de table, par l’intermédiaire de Mellanox, acquis quelques mois auparavant.

Depuis lors, Pliops a bouclé deux autres levées (65 M$ en 2021 ; 100 M$ en 2022). L’entreprise emploie 120 personnes entre Israël, les États-Unis et la Chine. Son chiffre d’affaires reste « négligeable », nous affirme-t-on.

Kalray « pèsera » plus que Pliops dans le nouvel ensemble

Sur son dernier exercice, Kalray a dégagé un CA de 25,8 M€, en croissance annuelle de 57 %. Quatorze ans après son émanation du CEA Leti, il n’est toujours pas rentable : 11,7 M€ de perte nette en incluant le périmètre Arcapix (stockage défini par logiciel ; acquisition réalisée en 2022).

À fin 2023, Kalray employait 122 personnes en France et 73 dans le reste du monde (États-Unis, Royaume-Uni). Il compte, parmi ses investisseurs, le groupe industriel Safran, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, le fabricant de semi-conducteurs NXP et le fonds Definvest que Bpifrance gère pour le ministère des Armées. Son IPO, en juin 2018, lui avait permis de lever 43,5 M€. Le marché lui donne aujourd’hui une valeur d’environ 150 M€.

Pour Pliops, les estimations de valorisation oscillent entre 300 et 600 M$. Pour autant, aux termes de l’accord prévu, les actionnaires de Kalray seraient majoritaires dans le nouvel ensemble. Ils détiendraient 65 % du capital. Ceux de Pliops auraient la possibilité de monter à 40 % en cas de réalisation d’objectifs.

Se donner une taille critique

Au-delà des perspectives technologiques, l’opération devra permettre de « parler à d’autres acteurs » dont les hyperscalers américains. S’il semble qu’elle n’apportera pas de CA à court terme, Pliops dispose d’une trésorerie pouvant couvrir un an d’activité. Du côté de Kalray, il restait, aux dernières nouvelles, 13,2 M€. Et la capacité de faire appel à un emprunt bancaire (RCF) signé allant jusqu’à 15 M€. Un placement privé européen est par ailleurs en préparation.

« En raison des cycles commerciaux et des difficultés d’approvisionnement de certains composants », il ne faut pas s’attendre à une croissance du chiffre d’affaires au 1er semestre 2024. On devrait rester autour des 10 M€ (-30 % vs T1 2023). La société entend capitaliser, entre autres, sur son accord avec Dell (intégration de ses cartes d’acquisition vidéo au catalogue du groupe américain). Et sur son arrivée au sein de l’écosystème Arm Total Design. En attendant la plate-forme Dolomites (premiers échantillons prévus pour début 2026).

Illustration © Kalray