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Arm-NVIDIA : de la Chine aux USA, les barrières se dressent

Aux États-Unis, un nouvel obstacle se dresse face au projet de fusion Arm-NVIDIA. Quelles autres barrières se sont élevées de par le monde ?

Publié par Clément Bohic le - mis à jour à
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Arm-NVIDIA : de la Chine aux USA, les barrières se dressent

Les nuages s'accumulent au-dessus du projet de fusion Arm-NVIDIA. Le dernier en date : une plainte de la FTC. L'agence américaine - qu'on peut assimiler à notre DGCCRF - vise SoftBank, l'actuel propriétaire d'Arm. Dans les grandes lignes, elle use d'un argumentaire qu'ont déjà avancé d'autres autorités dont NVIDIA doit obtenir le feu vert.

De manière générale, la FTC* craint que l'entité issue du rapprochement ait la capacité et l'intérêt à restreindre la concurrence sur le marché des semi-conducteurs. Ses craintes se portent en particulier sur les ADAS (systèmes d'aide à la conduite), les DPU (processeurs « spécialisés ») et les CPU pour le datacenter.

Autre inquiétude : que NVIDIA obtienne l'accès à des « informations sensibles » sur ses concurrents clients d'Arm. Et qu'il oriente, en conséquence, la R&D du nouvel ensemble.

La Commission européenne partage ce doute. Tout en se demandant entre autres, dans le même esprit, si les preneurs de licences pourraient être réticents à continuer de partager ces « informations sensibles ». Sur place, une enquête avait été lancée début septembre. Fin octobre, elle est passée en phase approfondie. Bruxelles a jusqu'au 15 mars 2022 pour se prononcer.

Le Royaume-Uni aussi en seconde phase

Le Royaume-Uni - où se trouve le siège d'Arm - mène aussi l'enquête.
En septembre 2020, peu après l'annonce du deal, Hermann Hauser, cofondateur d'Arm, avait interpellé Boris Johnson. Il invitait le Premier ministre à obtenir divers engagements de la part de NVIDIA :

- Garantie de maintien de poste pour les employés d'Arm au Royaume-Uni (avec une référence aux suppressions d'emplois que NVIDIA avait orchestrées après son acquisition d'Icera en 2011)

- Assurance de ne pas s'octroyer de « traitement préférentiel »

- Non-soumission aux restrictions commerciales qu'a imposées l'OFAC américain (« Ce ne sera plus Downing Street, mais la Maison Blanche qui décrétera à qui Arm a le droit de vendre. »)

La CMA (« DGCCRF locale ») a publié, au cours de l'été, un rapport à charge sur ce projet de fusion. Concurrence, innovation, qualité, prix. Tout y passe, sur de nombreux segments du marché des semi-conducteurs. Avec un constat : il existe une offre alternative avec RISC-V et MIPS en tête de gondole, mais elle n'est pas encore à parité et dans la pratique, basculer est complexe.

L'autorité britannique redoute aussi un « effet de conglomérat ». Qui se manifesterait par une réduction de l'interopérabilité entre les composants que la nouvelle entité fournirait. Le NCSC (équivalent de notre ANSSI) a par ailleurs identifié des risques. Ils touchent aussi bien à la capacité à exploiter les systèmes de défense reposant sur de l'Arm qu'à une potentielle réduction de la sécurité des produits en raison d'un moindre intérêt à innover.

Mi-novembre, Londres a donné son blanc-seing à la CMA pour amorcer, comme elle le recommandait, la deuxième phase de son enquête. Cette période pourra s'étaler sur un maximum de 32 semaines.

Arm China : une filiale en rébellion

La Chine a également un droit de regard sur la transaction, au vu de l'activité d'Arm sur place. Activité particulièrement mouvementée. À l'origine, il y a une joint-venture que SoftBank avait formée en cédant 51 % de la filiale chinoise d'Arm à un groupe public-privé d'investisseurs locaux.

Cette entité demeure en place, toujours avec une exclusivité sur la distribution de la propriété intellectuelle d'Arm en Chine. Mais elle ne cache plus son désir d'indépendance. Ses emblèmes : d'un côté, Power Core, marque sous laquelle elle entend développer ses propres offres. Et de l'autre, son patron, qu'Arm avait renvoyé en juin 2020, mais qui, dans les faits, garde le contrôle avec le soutien de certains actionnaires.

Dans le contexte de ses relations commerciales actuelles avec Washington, Pékin peut craindre un passage d'Arm sous pavillon NVIDIA. L'entreprise serait alors soumise à la législation américaine. Et possiblement à des restrictions d'exportation vers la Chine, où elle compte beaucoup de clients.

La Chine avait déjà mis un terme à un autre projet dans l'industrie des semi-conducteurs. Après quasiment deux ans, Qualcomm avait renoncé à mettre la main sur NXP. La transaction aurait pu se monter à 47 milliards de dollars. Pour Arm-NVIDIA, on pourrait atteindre 40 Mds $.

* Aux États-Unis, obtenir le feu vert est d'autant plus difficile que la FTC a évolué vers une composition à majorité démocrate. Et que sa présidente porte une attention particulière aux effets des fusions verticales (impliquant des entreprises non directement concurrentes). À tel point qu'elle a officiellement appelé ses pairs à ne pas s'appuyer sur les bonnes pratiques d'évaluation en vigueur, car « trop axées sur les bénéfices » de telles opérations.

Photo d'illustration © Arm Holdings

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