Covid-19 : les ESN souffrent… Les résultats du 1er trimestre parlent

ESN françaises Covid-19

Comment les grandes ESN françaises traversent-elles la crise du Covid-19 ? Focus sur les résultats trimestriels d’Atos, d’Econocom et de Sopra Steria.

« Confiance et méthode » pour Econocom, « profil résilient » pour Atos, « fondamentaux solides » pour Sopra Steria… Chez les ESN françaises cotées en Bourse, la communication financière s’adapte à la crise Covid-19.

Atos fut la première à publier son chiffre d’affaires du 1er trimestre 2020, ce 22 avril. À périmètre et taux de change constants, ses revenus ont reculé de 0,8 % sur un an, à 2,834 milliards de dollars.

Le segment « Industrie » est dans le rouge (-2,9 %, à 539 millions d’euros de C. A.). Y ont contribué les « impacts négatifs » connus par Daimler, la décélération de l’activité avec PSA,  le ralentissement du marché aérospatial et plusieurs décalages de ventes d’équipement vers la fin du trimestre.

La baisse est similaire sur le segment « Services Financiers & Assurances » (-2,6 %, à 527 millions d’euros). Atos l’impute notamment à la diminution des projets en Amérique du Nord. Déjà observée au cours des trimestres précédents, elle s’est accélérée fin mars en raison des décisions de plusieurs établissements financiers de reporter ou de réduire les dépenses discrétionnaires.

La dynamique est meilleure pour le segment « Ressources & Services » (+0,4 %, à 418 millions d’euros). La situation est néanmoins difficile dans le commerce de détail, le transport et l’hôtellerie, toujours en raison du Covid-19.

Atos : la cybersécurité se porte bien

Les effets de la crise ressortent davantage si on s’intéresse au business sous l’angle des divisions.

En tête de liste, la division « Big Data & Cybersecurity ». Son chiffre d’affaires croît de 16,3 %, à 259 millions d’euros. Les solutions d’identification en mode rapide et les activités liées aux systèmes critiques ont connu une progression notable, les entreprises cherchant à renforcer la sécurité de leurs infrastructures et de leurs données.

Le développement du télétravail a porté la division « Infrastructure & Data Management » : + 0,5 % de C. A., à 1,558 milliard d’euros. Elle a enregistré une forte demande sur les solutions de Digital Workplace (accès à distance aux applications), les offres de communication d’entreprise et les connexions réseau.

Les indicateurs sont moins favorables pour la division « Business & Platform Solutions » (-4,9 %, à 1,016 milliard d’euros). Un segment beaucoup plus cyclique, affirme Atos : les clients ont reporté dès le mois de mars des projets discrétionnaires. Les activités les plus touchées sont les services professionnels technologiques (environ 30 % des revenus de la division), pas toujours « télétravaillables ».

Frein sur les augmentations… et le dividende

Atos a mis en œuvre des mesures sur sa base de coûts. Entre autres : le gel des recrutements ; la gestion des salaires et le remplacement des sous-traitants par des ressources internes devenues disponibles.

Ses objectifs 2020 sont revus à la baisse. Il est désormais question d’un recul de chiffre d’affaires entre 2 et 4 % (les prévisions émises le 19 février faisaient état d’une augmentation de 2 %).
Le taux de marge opérationnelle était de 10,3 % l’an dernier. En 2020, il pourrait ne représenter que 9 à 9,5 % du C. A. Quant au flux de trésorerie disponible, il s’établirait non plus à 700 millions d’euros, mais dans la fourchette de 500 à 600 millions.

Atos objectifs 2020

Atos a par ailleurs suspendu ses cibles pour 2021, établies dans le cadre du plan à 3 ans présenté début 2019. Le 31 mars, le conseil d’administration a reporté l’AG annuelle du 14 mai au 26 juin.
Le 21 avril, il a annoncé supprimer le dividende 2019 (1,40 € par action). Le DG et d’autres membres du comité de direction générale ont en outre réduit leur rémunération de 30 % pour la période de mars à mai.

En référence à son « profil résilient », le groupe met en avant la part importante de ses contrats pluriannuels (67 %). Ainsi qu’une hausse du ratio prises de commandes sur chiffre d’affaires : 103 % au T1 2020, contre 86 % un an plus tôt.

Sopra Steria : des prévisions jusqu’à S1

Du côté de Sopra Steria, on met en avant la part récurrente des revenus (supérieure à 40 %) et la disponibilité de lignes de financement confirmées pour 1,5 milliard d’euros – dont une ligne de crédit bancaire revolving de 900 millions d’euros non tirée et d’échéance juillet 2023.

Les revenus du 1er trimestre 2020, publiés le 24 avril, se sont élevés à 1,14 milliard d’euros. Soit une hausse de 3,3 % à taux de change et périmètre constants.

L’activité a connu une inflexion à partir du moment où les gouvernements en Europe ont prise des mesures de confinement des populations.
Sur la deuxième quinzaine du mois de mars, le C. A. a été réduit d’environ 10 millions d’euros par rapport à la prévision mensuelle antérieure. L’impact anticipé pour T2 est plus significatif, au vu des reports ou des annulations de prestations de certains clients.

Les télécoms résistent

Au 1er trimestre, le marché français s’en est tiré dans le vert : +1,6 % de revenus, à 464,6 millions d’euros.
La défense, le social, le secteur public et les télécoms sont les marchés verticaux qui ont le mieux résisté. La situation a été plus délicate dans le transport, l’industrie et le commerce de détail hors alimentaire. Mais aussi dans l’aéronautique, où Airbus a récemment annoncé une baisse d’un tiers de sa production.

Au Royaume-Uni, Sopra Steria a souffert de la suspension, fin mars et pour plusieurs mois, du service d’octroi des visas pour le compte du gouvernement. L’ESN craint par ailleurs que l’environnement à court terme soit moins propice aux décisions rapides dans le secteur de la finance.

Ses prévisions pour 2020 (baisse de C. A. de 2 à 6 %) se limitent au 1er semestre. Elles ne seraient pas suffisamment fiables au-delà, vu l’absence de visibilité sur l’étendue et la durée de la crise, estime-t-elle.

Le conseil d’administration a décidé de proposer, lors de l’AG des actionnaires (9 juin), de ne pas verser de dividende au titre de l’exercice 2019 (2,40 € par action).

Econocom a souffert

Dividende également supprimé chez Econocom (12 cents par action), dont l’AG annuelle aura lieu le 19 mai. Les comptes publiés le 23 avril font état de revenus en net repli : -11,1 % en organique, à 596 millions d’euros.

Le pôle « Technology Management & Financing » (-16,1 %, à 181 millions d’euros) est le plus touché. En cause, des retards dans la contractualisation des opérations et des décalages de livraisons (fermeture des services de réception chez les clients).
Le segment « Digital Service and Solutions » dégage 415 millions d’euros (-9,3 %).

Econocom n’avance pas de prévisions pour 2020. L’ESN préfère mettre l’accent sur son plan de réduction des coûts. Avec, en particulier du chômage partiel pour tous les métiers qui connaissent un ralentissement  et une amplification de la baisse de certaines charges de structure

Ces deux éléments ont permis, clame Econocom, de rester bénéficiaire sur T1. Ils s’assortissent de l’arrêt du programme de rachat d’actions propres et à la cession de la filiale EBC à la société d’investissement Chequers.

Capgemini et OBS attendus

Capgemini doit publier ses comptes du 1er trimestre le 28 avril. En l’état, le dividende est maintenu, à 1,90 € par action (soit 12 % de plus que l’année précédente).

Le groupe Orange, au sein duquel évolue OBS, a réduit son dividende de 0,70 à 0,50 € par action. Aux dernières nouvelles, le groupe ne prévoit « pas de déviation significative » par rapport à ses objectifs financiers pour 2020. La publication des résultats trimestriels est fixée au 30 avril.

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