Un siècle pour déployer la fibre optique en France
Les investissements en réseaux filaires optiques ralentissent un peu partout dans le monde. L'analyste Infonetic Research rapporte que les dépenses ont chuté de 23 % entre le 4e trimestre 2011 et le 1er trimestre 2012. Une chute particulièrement entraînée par la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique).
« Alors que l'évolution mondiale des ventes de solutions optiques n'est pas positive sur le premier trimestre de 2012, le développement le plus alarmant provient de la région EMEA - en particulier l'Europe - avec, d'année en année, les dépenses en équipement optique WDM qui diminuent plus rapidement que les dépenses sur l'héritage des équipements SDH, souligne Andrew Schmitt, analyste principal chez Infonetics Research. Ce n'est pas le signe d'un recul trimestriel mineur. En revanche, la tendance en Amérique du Nord est à l'opposé, avec les opérateurs qui réduisent leurs dépenses d'année en année, mais concentrent leurs investissements dans des technologies prometteuses comme le WDM et le ROADM. »
Moins de fibre qu'en 2008
Une tendance confirmée par la société française Acome de fabrication de fibres optiques pour le marché français. « Les volumes restent très inférieurs à ce qu'il faudrait pour réellement déployer un réseau sur tout le territoire français dans les quinze à vingt ans qui viennent, précise le PDG Jacques De Heere aux Echos . En 2012, les opérateurs vont acheter moins de fibre optique qu'en 2008. »
La cause ? Elle est multiple. La qualité des services ADSL du réseau cuivre serait suffisamment haute pour constituer un frein à l'adoption des technologies FTTH (Fiber to the Home, ou fibre à domicile). Un phénomène d'autant plus palpable que les réseaux optiques souffrent souvent d'un manque de concurrence dans les immeubles où ils arrivent, faute de multiples opérateurs qui déploient au même endroit.
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L'État responsable
Mais la responsabilité en revient aussi en parti à l'État qui a laissé aux acteurs privés le soin de fibrer la France. « Le modèle de déploiement du très haut débit repose sur la seule bonne volonté des opérateurs. L'État s'est totalement désisté », estime, toujours sur le quotidien économique, le sénateur Hervé Maurey, par ailleurs coauteur avec le sénateur Philippe Leroy d'une proposition de loi pour accélérer le déploiement du très haut débit filaire en France. Les investissements gigantesques (au bas mot plus de 21 milliards d'euros) que nécessite la construction du réseau de nouvelle génération refroidissent les ardeurs des opérateurs. Surtout en ces temps de pression concurrentielle.
Laquelle s'est récemment accentuée avec l'arrivée de Free Mobile en début d'année qui a obligé tous les opérateurs à revoir à la baisse leurs grilles de tarifs mobiles, réduisant d'autant leurs marges et leurs capacités d'investissement. D'autant que les protagonistes sont également fort occupés à mettre à jour leurs réseaux mobiles pour la 4G/LTE. Le quotidien Les Echos rappelle que Free a fermé l'an dernier sa filiale dans la fibre optique et que SFR peine à accélérer ses investissements optiques. Au final, le déploiement du réseau optique pourrait bien être assuré par le seul Orange et les collectivités locales. À ce rythme, « il faudra un siècle pour couvrir la France en très haut débit », déclare Hervé Maurey.
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