IA générative : pour Google, l'opportunité a un prix
La communication financière de Google se précise quant aux coûts que le groupe va devoir supporter pour développer son offre dans l'IA générative.
Combien l'IA générative va-t-elle coûter à Google ? Elle va, tout au moins, entraîner des dépenses d'infrastructure significatives.
Le groupe américain en a déjà fait état dans sa communication financière, sous un angle essentiellement prospectif. Il commence désormais à en parler au présent. Illustration dans le cadre de l'annonce, cette semaine, de ses résultats du deuxième trimestre.
Sur cette période, le CapEx n'a pas augmenté autant qu'attendu. Cela tient en partie au ralentissement des investissements immobiliers, conséquence du fléchissement de la croissance de l'effectif. Mais aussi à des retards sur certains projets de datacenters. Pour autant, les serveurs ont été le principal contributeur au CapEx, « avec une augmentation significative des investissement sur la puissance de calcul IA », dixit Google.
Carrefour, client référent en IA générative
Il est aussi question d'« augmentation significative » concernant l'usage des modèles d'IA disponibles sur Google Cloud. Et de mentionner quelques clients : Priceline pour améliorer la planification de voyages, Carrefour pour ses campagnes marketing, Capgemini pour transformer les processus en entreprise, etc.
« Plus de 70 % des licornes de l'IA générative sont clients de Google Cloud », se sont vu avancer les analystes financiers lors de la conférence téléphonique consécutive à l'annonce des résultats. On leur en a cité trois : Cohere, Jasper et Typeface.
À ces mêmes analystes, Google a laissé miroiter les possibilités d'upselling de Duet AI, autant auprès des utilisateurs de sa suite bureautique que de ceux de son cloud d'infrastructure. Tout en évoquant l'apport de l'IA dans les solutions de cybersécurité de Google Cloud... et l'usage qu'en fait Pfizer.
À l'image de Microsoft quand il a commencé à intégrer ChatGPT dans Bing, Google ne manque pas de suggérer le potentiel de l'IA générative pour les annonceurs. D'une part, au niveau des outils qui leur sont destinés (mise en place d'un LLM spécialisé dans Google Ads pour aider à concevoir des campagnes, par exemple). De l'autre, au niveau de la surface publicitaire que représente le search : « Beaucoup de ces nouvelles recherches [celles faites avec la Search Generative Experience intégrant Bard, NDLR] sont de nature intrinsèquement commerciale », clame la multinationale. Et de faire valoir, entre autres, l'ajout récent de la technologie Google Lens permettant la recherche visuelle. Ainsi que la perspective de l'intégration de Gemini, un modèle multimodal.
Une première « vraie » rentabilité pour Google Cloud ?
Sur le deuxième trimestre, le groupe dans son ensemble a réalisé un CA de 74,6 Md$ (+7 % sur un an).
À 18,4 Md$, le résultat net enregistre une croissance annuelle de 14,6 %. L'allongement de la durée de vie utile des serveurs y contribue, à hauteur de 752 M$ (coûts d'amortissement réduits de 966 M$).
Le segment Google Cloud a passé le cap des 8 milliards de revenus (+28 %). Son résultat opérationnel avoisine les 400 M$. Le voilà donc rentable pour la deuxième fois... sur le papier. Le bénéfice officiellement réalisé au 1er trimestre devait effectivement beaucoup à une révision de méthodologie comptable.
À consulter pour davantage de contexte :
Duet AI contre Copilot : ce que Google esquisse face à Microsoft
Cloud en France : les 3 hyperscalers poursuivent leur croissance
Cloud public : des crédits aux frais de sortie, ce qui inquiète l'Autorité de la concurrence
Antitrust : quand Google Cloud s'oppose à Microsoft
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