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Jean-Baptiste Courouble, DSI de l'Urssaf : « Ici, on peut faire de la technologie de haut niveau sur des sujets fonctionnels complexes »

Engagé dans un mouvement de réinternalisation, Jean-Baptiste Courouble – DSI de l’Urssaf – veut recruter 250 personnes cette année. Il détaille à Silicon.fr ses ambitions et les projets IT en cours et à venir.

Publié par Philippe Leroy le | Mis à jour le
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Jean-Baptiste Courouble, DSI de l'Urssaf : « Ici, on peut faire de la technologie de haut niveau sur des sujets fonctionnels complexes »

Vous lancez une grande campagne de recrutement pour la DSI. Quel est son objectif ?

Jean-Baptiste Courouble – Nous souhaitons recruter 250 collaborateurs en 2024 et 520 d’ici 2027. Nous cherchons des talents sur des domaines très variés avec une forte demande pour des directeurs de programme et de projet ainsi que des référents techniques et fonctionnels.

L’objectif est de maintenir ces compétences en interne évidemment. Ensuite, il y a une volonté d’intégrer de nouvelles compétences avec des architectes et des experts du cloud et du big data par exemple, qui sont deux axes sur lesquels on a beaucoup travaillé ces dernières années.

Nous sommes dans une démarché de réinternalisation de plusieurs fonctions de la DSI. Aujourd’hui, nous avons une forte dépendance aux ESN, entre 800 à 1000 consultants, pour une DSI qui compte près de 1200 collaborateurs. C’est un risque de perdre la maîtrise de certaines compétences.

Quels arguments avez-vous pour convaincre ces profils IT très recherchés ?

Jean-Baptiste Courouble – Notre enjeu, c’est de dépoussiérer un peu l’image de l’Urssaf. On fait un énorme travail sur la marque employeur en ce moment et ce n’est pas seulement pour redorer le blason de la DSI.

Avec cette campagne de recrutement, on veut valoriser nos atouts et montrer la diversité des missions qui nous sont confiées.

Quand on travaille à la DSI de l’Urssaf, on peut faire de la technologie de haut niveau en travaillant sur des sujets fonctionnels complexes. Il y a aussi une politique de mobilité géographique car on peut travailler à Nice, à Paris, à Lille ou à Nancy. On peut vraiment y développer une belle carrière. Prenez mon exemple : je suis rentré à la DSI comme développeur et j’en suis le directeur depuis 12 ans.

Cependant, il faut aussi sortir de la croyance qui prétend que lorsque l’on travaille à l’Urssaf, on y fait sa carrière à vie. La sécurité de l’emploi n’est plus un argument pour les plus jeunes. Mon discours, c’est de leur dire que l’on peut s’enrichir ici pendant 3-4 ans et puis prendre une autre direction. C’est le principe de l’échange : vous apportez vos compétences et nous vous proposons un environnement IT riche pour les développer.

Pour certains, les missions de l’Urssaf sont essentielles dans leur choix de nous rejoindre : nous sommes un des maillons du système de protection sociale français et c’est quand même des missions très spécifiques au service des valeurs sociales . Notre rôle n’est pas juste de collecter des cotisations mais avant tout de financer le système de protection sociale. Pendant la pandémie de Covid, nous étions au côté des entreprises pour éviter les faillites. Je pense que ces valeurs peuvent intéresser et décider certaines personnes à travailler chez nous.

Quelle est la part de l’Open Source dans vos projets ?

Jean-Baptiste Courouble – La mission de l’Urssaf dans son contexte social, économique et réglementaire est unique au monde. Et comme il n’existe pas de logiciels pour assurer nos missions, nous faisons du développement sur mesure pour nos usagers et nos utilisateurs. C’est une informatique cousue main avec un ADN fondamentalement open source.

Nous avons fait ce choix il y a plus de 20 ans pour garder la maitrise de notre informatique et être en mesure de « tuner » des logiciels pour répondre à nos besoins. Cela nous a permis d’éviter la dépendance vis-à-vis de certains éditeurs de logiciels. Il est fondamental de garder la maîtrise de notre patrimoine IT.

Quels sont les grands axes stratégiques de votre DSI ?

Jean-Baptiste Courouble – A l’heure actuelle, c’est le passage au cloud. Il ne s’agit pas à l’instar d’autre entreprises de faire un «  Move to cloud «  massif. Nous sommes vraiment dans une logique de bénéficier des apports du cloud en matière de ‘’ time to market’’, de scalabilité et d’atouts technologiques pour transformer notre DSI tout en gardant le contrôle. On n’ira pas ni sur AWS, ni sur Microsoft Azure pour nos applications métier.

En revanche, il faut qu’on ait une solution pour pouvoir bénéficier de ce qu’apporte le cloud, comme dans les autres entreprises. Du coup, on travaille sur le développement notre cloud privé, avec OpenStack et OpenShift dans un contexte sécurisé et de confiance. Nous souhaitons mutualiser nos développements avec des acteurs qui nous ressemblent, notamment dans la sphère sociale : assurance maladie, branche famille, retraite, etc…

On a tout ce qu’il faut concrètement pour le faire. Il faut juste qu’on mette du jus de cerveau ensemble pour être en capacité de proposer une véritable offre de services, que ce soit au niveau des couches bases du IaaS mais également sur tout ce qui touche aux conteneurs.
Cette offre ne sera jamais à la hauteur de ce que propose AWS, mais on peut bâtir des services managés qui répondent à certains besoins émis par nos différents contributeurs.

Que faites-vous sur le volet data ?

Jean-Baptiste Courouble – On a un certain nombre de projets métiers extrêmement importants. Concrètement, on reçoit tous les mois 25 millions de bulletins de salaire que l’on doit traiter, consolider et retraiter dans tous les sens, modifier, fiabiliser, etc..

Donc, cela représente approximativement 300 millions de bulletins de salaire sur 12 mois glissants à traiter tous les mois. Nous avons fortement développé des plateformes Big Data avec beaucoup de traitements mis en œuvre et des usages multiples.

Comment gérez-vous le legacy ?

Jean-Baptiste Courouble – DSI de l’Urssaf

Jean-Baptiste Courouble – On est obligé de vivre avec (sourire). On a encore de nombreux traitements et transactions en COBOL…. Mais plutôt que de faire des refontes avec des projets cathédrales qui n’en finissent plus et qui coûtent des millions, on « bunkerise » la dette technique et on « APise » nos vieux systèmes pour qu’ils puissent dialoguer avec des systèmes plus récents.

Nous rénovons les grandes fonctions par appartement. Par ailleurs, on a de plus en plus d’échanges avec nos partenaires, acteurs de la sphère sociale. Et là aussi, on met en place des systèmes d’API management assez évolués. C’est un autre axe technologique important.

Sur la GenAI, vous avez des projets ?

Jean-Baptiste Courouble – On s’est saisi du sujet au milieu de l’année 2023 avec une réelle implication du comité de direction sur une question : « En quoi l’IA générative peut aider à améliorer nos services ? ». Et nous avons dégagé des approches distinctes selon les cas d’usage.

Pour nos collaborateurs, qui avaient manifesté une forte envie de tester la GenAI, nous avons défini une charte d’utilisation. Parallèlement à ça, j’ai fait la même chose aussi avec mes équipes puisque dans l’IT, on sait qu’il y a énormément d’apports intéressants sur la génération de code, mais aussi sur des tests, etc.

Le deuxième volet, c’est sur notre capacité à entraîner des LLMs sur nos propres données. Nous allons lancer une démarche de PoC et d’expérimentation avec des LLMs disponibles Nous devons répondre à la question : est-ce qu’il est possible d’installer un LLM dans nos infrastructures, dans un cloud maîtrisé, de manière à pouvoir l’entraîner par rapport à nos problématiques ?

Et la politique RSE, vous l’adressez comment au sein de la DSI ?

Jean-Baptiste Courouble – Ça fait partie des axes stratégiques. L’Urssaf contractualise avec l’état dans le cadre d’une convention d’objectifs et de gestion (COG) que l’on vient de renouveler et c’est un des objectifs très fort de cette convention.

Au sein de la DSI, c’est une préoccupation que l’on a déjà depuis un certain temps et qui s’est amplifiée notamment avec la crise énergétique de l’année dernière. Nous avions 5 datacenters. Nous en avons fermé un premier puis nous allons réduire à trois.  La fermeture du premier a permis une réduction de notre empreinte équivalente à 221 aller/retours Paris-New-York en avion.

On regarde aussi comment réduire notre empreinte énergétique. Avec nos 20 000 VM, c’est une grosse consommation d’énergie. On a mis en place toute une batterie de mesure pour la réduire. Par exemple, en réduisant de 5 minutes le délai de démarrage de nos 16000 stations de travail le matin, c’est une diminution d’émission de CO2 équivalente à 76000 km parcourus avec un véhicule diesel que nous constatons.

C’est avec ce genre d’illustration concrète que l’on peut avoir susciter une forme d’adhésion des collaborateurs. Nous avons aussi une logique de recyclage de nos matériels. Outre l’allongement de la durée d’utilisation des PC, on impose une clause sur le recyclage dans nos appels d’offre.

Enfin, le dernier domaine c’est l’éco-conception. Je dirais que nous en sommes aux prémices parce que c’est ce qui est plus compliqué me semble-t-il. On doit travailler sur notre manière de concevoir et de développer nos traitements informatiques.

>> Consulter les offres d’emploi de la DSI ici

La DSI de l’Urssaf en quelques chiffres

>> 1200 personnes réparties sur 13 sites
>> 838 applications référencées
>>  200 millions de transactions API par mois
>> 4 pétaoctets de données
>> 20 000 machines virtuelles ( VM)

Jean-Baptiste Courouble – Bio Express

Directeur des systèmes d’information au sein de l’Urssaf depuis 2012.Diplômé de l’Ecole Nationale de la Marine Marchande en 1988, il débute sa carrière au sein du Groupe CGM. Il deviendra ensuite développeur, concepteur puis consultant en systèmes d’information au sein du groupe STI.
En 1996, Jean-Baptiste Courouble intègre l’Urssaf en tant que de directeur de projets ; il occupera ensuite le poste de directeur études et développement.

Crédit photo : ©Gae¨l Coto 

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