Sopra Steria : le départ de François Enaud ne surprend pas
Les résultats mitigés de Steria en France ont précipité le départ de son ancien dirigeant François Enaud. Un manager de Sopra « pur sucre », Vincent Paris, prend la direction du groupe Sopra Steria récemment fusionné. Et ce conformément au voeu de son président, Pierre Pasquier.
En amont de la publication de ses résultats annuels, Sopra Steria a annoncé mercredi 18 mars le départ de François Enaud du groupe récemment fusionné. L'ancien dirigeant de Steria devenu directeur général de Sopra Steria Group à l'automne 2014, avait pourtant activement contribué à l'opération de fusion-absorption permettant de propulser le groupe nouvellement constitué au top 3 des SSII en France et au top 10 en Europe. Mais il semble que les résultats mitigés de Steria en France ont précipité son retrait du groupe présidé par le co-fondateur de Sopra, Pierre Pasquier.
François Enaud est remplacé par Vincent Paris
Pour « simplifier la gouvernance » du groupe, François Enaud, 55 ans, est immédiatement remplacé par Vincent Paris, a indiqué le conseil d'administration. Entré chez Sopra en 1987, devenu directeur des opérations France, puis directeur général délégué de Sopra Steria, Vincent Paris prend la direction générale du groupe à tout juste 50 ans. Un Sopra « pur sucre », selon les termes d'un analyste. Le nouveau directeur général est secondé par John Torrie. Il avait rejoint Steria au Royaume-Uni en 2002 en tant que directeur général et devient, à 60 ans, directeur général adjoint de Sopra Steria. Les performances britanniques de Steria sont ainsi récompensées par le conseil d'administration du groupe, dont le président, Pierre Pasquier, demeure, à 79 ans, l'homme fort.
La fusion « entre égaux » est oubliée
Pour Dominique Raviart, directeur de recherche ITO au cabinet d'analyses NelsonHall, l'annonce du départ de François Enaud est « assez logique », compte tenu des choix pris par le passé par Pierre Pasquier. Mais ce changement est plus rapide que ce à quoi l'on pouvait s'attendre. La « fusion entre égaux » annoncée l'an dernier par ses promoteurs, est bien oubliée. « Steria a été une success story jusqu'au rachat de Xansa (une société anglaise rachetée en 2007). Mais les offres reposant sur ses implantations en Inde n'ont fonctionné ni en France, ni en Allemagne », explique l'analyste à la rédaction. Or, ces deux pays sont des marchés clés pour Sopra Steria Group. Mais en Allemagne, sur le périmètre Steria, le chiffre d'affaires a chuté de 11,2% en 2014 et l'activité France de Steria a perdu 3,1% sur l'exercice 2014. François Enaud n'a pas convaincu, semble-t-il. Mais il n'est pas le seul. En 2007 déjà, Pierre Pasquier avait tenté de trouver un successeur en externe et débauché Dominique Illien chez Atos. Faute de marge de manoeuvre, Dominique Illien a claqué la porte en 2010.
Cimpa, filiale PLM d'Airbus, sera « difficile à digérer »
« Une nouvelle étape opérationnelle » s'engage a déclaré Pierre pasquier par voie de communiqué, après avoir salué « le rôle majeur de François Enaud dans le développement de Steria ». La valse des directeurs généraux du groupe fusionné surprend moins le marché, que le maintien du projet d'acquisition de Cimpa, la filiale gestion du cycle de vie des produits (PLM) d'Airbus. « Cimpa fait face à l'arrêt des grands programmes de l'avionneur européen », observe Dominique Raviart. Dans l'hypothèse d'une finalisation, le projet de reprise par Sopra Steria sera « difficile à digérer », prévient-il.
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