Trump suspend les visas de travail, la Tech vent debout
La Silicon Valley le redoutait, Donald Trump l'a fait.
Le président des États-Unis a signé, lundi 22 juin, un décret visant à prolonger le gel de la délivrance des cartes vertes (les « green cards » des résidents permanents) et à étendre la mesure à plusieurs visas de travail* jusqu'au 31 décembre.
Les visas H1B, qui ciblent des talents étrangers qualifiés, et les visas L1, de transfert intra-groupe, en font partie. Ils sont très utilisés par les sociétés technologiques. Plusieurs d'entre elles ont critiqué ce nouveau décret présidentiel (executive order), a relevé CNN.
Google en tête.
Google, Microsoft, Amazon, Twitter, Box.
« L'immigration a énormément contribué au succès économique de l'Amérique, ce qui en fait un leader mondial de la technologie, et fait aussi de Google, l'entreprise qu'elle est aujourd'hui », a déclaré le CEO de Google, Sundar Pichai, sur Twitter. « Déçu par le décret [du 22 juin] - nous continuerons à soutenir les immigrants et à travailler pour élargir les opportunités pour tous », a ajouté le dirigeant.
Le président de Microsoft, Brad Smith, s'est également prononcé contre le décret.
« Ce n'est pas le moment de couper notre nation des talents du monde ou de créer de l'incertitude et de l'anxiété », a estimé Brad Smith. Et d'ajouter : « les immigrants jouent un rôle vital dans notre entreprise et soutiennent les infrastructures essentielles de notre pays. Ils contribuent à ce pays à un moment où nous en avons le plus besoin. »
Chez Twitter, Jessica Herrera-Flanigan, responsable des politiques publiques et de la philanthropie pour les Amériques, redoute les conséquences d'une telle décision. « Ce décret sape le plus grand atout économique des États-Unis : sa diversité », a-t-elle souligné dans un communiqué. « Unilatéralement et inutilement étouffer l'attractivité de l'Amérique pour les talents mondiaux et hautement qualifiés est [une politique] à courte vue et profondément préjudiciable à la force économique des États-Unis. »
Ce point de vue est partagé par Amazon. « Empêcher les professionnels hautement qualifiés d'entrer dans le pays et de contribuer à la reprise économique américaine met en péril la compétitivité mondiale des États-Unis », a indiqué un représentant de la société.
Facebook a également réagi. « Le dernier décret du président Trump utilise la pandémie de Covid-19 comme une justification pour limiter l'immigration. En réalité, la décision de maintenir les talents hautement qualifiés hors des États-Unis rendra la reprise de notre pays encore plus difficile », a déclaré un porte-parole.
De son côté, le fondateur et CEO de Box, Aaron Levie, a écrit que « dans l'économie numérique, vous embauchez là où se trouvent les talents. Lorsque vous restreignez l'immigration, les emplois sont encore créés, ils le sont juste ailleurs. Et plus tard, quand ces individus créeront le prochain Google, cela ne sera pas ici. »
Les nouvelles restrictions prendront effet le 24 juin.
Quelles sont les ambitions affichées par la Maison Blanche ?
« Remettre les Américains au travail »
Selon un membre de l'administration Trump cité par la presse américaine, cette « pause » des visas de travail devrait permettre de réserver « 525 000 emplois » à des citoyens américains. La priorité de Donald Trump étant de « remettre les Américains au travail ».
Aux États-Unis, le taux de chômage est passé de 3,5% de la population active en février à 13,3% en mai, à la suite des mesures de confinement pour endiguer la diffusion de la pandémie de Covid-19. Or, approche l'élection présidentielle US de novembre 2020.
Au-delà du gel de visas de travail, l'administration Trump prévoit une réforme des visas H1B actuellement plafonnés à 85 000 par an. En 2021, ils seraient attribués aux seuls profils auxquels les plus hauts salaires sont proposés, et non plus par loterie.
*Outre les visas H1B et L1, les visas H2B, à l'attention des travailleurs peu qualifiés, et les visas J, ciblant les étudiants-chercheurs, sont concernés par le décret présidentiel américain.
(crédit photo : Gage Skidmore on Visual Hunt / CC BY-SA)
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