« L'AFDEL élargit sa représentation aux États-Unis »
Représentation outre-Atlantique, cloud, Big data, cybersécurité, fiscalité, neutralité. Jamal Labed, président de l'Association française des éditeurs de logiciels et solutions Internet (AFDEL), fait le point des thématiques sur lesquelles l'organisation s'engage en 2013.
Au lendemain de la présentation de ses voux pour l'année 2013, l'Association française des éditeurs de logiciels et solutions Internet (AFDEL), par la voix de son président, Jamal Labed, détaille les grands axes de son action.
Silicon.fr - Quelles sont les thématiques clés sur lesquelles l'AFDEL va travailler cette année 2013 ?
Jamal Labed - Nous allons évidemment continuer de développer l'action de l'AFDEL au service de nos adhérents et en particulier des PME et des start-ups. Une organisation professionnelle moderne se doit d'aider les entreprises qui la composent à se développer plus vite et, dans notre domaine, à devenir les Criteo de demain.
Avec Dassault systèmes, Cegid, Berger-Levrault, Microsoft France et quelques autres, nous avons créé l'AFDEL fin 2005 avec le souci de faire profiter les jeunes pousses de notre expérience et de notre réussite. C'est à cela que l'on reconnaît une grande entreprise : cette capacité à s'impliquer au-delà de son business pour soutenir l'écosystème !
Aujourd'hui ce sont de jeunes champions comme Talend ou Trace One qui s'engagent au sein de l'AFDEL pour soutenir leurs pairs. Avec Trace One et Talend, justement, nous poursuivons le développement de notre représentation aux États-Unis en inaugurant le mois prochain à Boston, Massachusetts, une nouvelle antenne.
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Par ailleurs, nous allons annoncer très prochainement de nouveaux services réservés aux adhérents, pour les aider notamment à se porter dans le Cloud. C'est le fruit d'un long travail de l'équipe et de notre conseil d'administration.
Nous avons identifié d'autres thématiques clés de développement, dont le Big data, et la ministre en charge du numérique, Fleur Pellerin, nous a confié la responsabilité de conduire la réflexion sur la structuration d'une filière Big data en France, en lien avec Paris capitale du numérique. C'est Bertrand Diard de Talend qui va encadrer ce chantier.
Nous créons également un groupe Cybersécurité piloté par Arkoon (Thierry Rouquet), car il s'agit d'un enjeu national et nous devons structurer notre action en la matière. La dématérialisation est également un vaste chantier, piloté chez nous par Romain Hugot de Sage, et qui avance très bien.
Enfin, en lien avec la feuille de route que s'est fixée le gouvernement, nous allons amplifier nos actions sur l'e-education.
Quel est le point de vue de l'AFDEL sur l'évolution du marché du logiciel ?
Comme l'a montré notre dernier baromètre marché Cockpit, l'industrie du logiciel a subi l'an dernier les conséquences des incertitudes économiques de 2011, incertitudes qui ont pesé sur la plupart des marchés. Les éditeurs de logiciels font face à une conjoncture globale difficile qui a un impact sur leurs carnets de commandes.
Toutefois, le numérique constitue un secteur à forte résilience, qui croit en moyenne 2 à 3 fois plus vite que l'ensemble de l'économie. Après une année « plate », nous espérons un petit rebond sur 2013, avec une croissance de 1,7 %.
Cette donnée sera peut-être révisée dans le cadre de notre prochain baromètre prévu pour février, car ce climat de dégradation économique favorise tout de même l'évolution des modes de consommation du logiciel par les utilisateurs, une évolution symbolisée par le Cloud.
Le CRM, la BI, le Big data et la sécurité sont particulièrement concernés. Le modèle de souscription a le vent en poupe. Quant au numérique, il est un remède à la crise économique que nous connaissons. Il doit donc être soutenu !
Le gouvernement s'est engagé sur différents chantiers numériques, dont la neutralité du Net et la fiscalité. Quelle est votre position sur le sujet ?
Nous poursuivons notre action en direction des pouvoirs publics pour les sensibiliser au soutien de notre filière.
Comme vous le savez, nous avons tiré la sonnette d'alarme, lors de la discussion sur le PLF 2013, quand le gouvernement a, selon nous, déstabilisé l'entrepreneuriat en durcissant la fiscalité des entreprises, de leurs collaborateurs bénéficiant de stock-options, des entrepreneurs et de ceux qui les financent.
Nous l'avions fait aussi vis-à-vis du gouvernement précédent quand certains dispositifs de soutien avaient été rabotés. Nous le faisons toujours en privilégiant un dialogue constructif et exigeant avec l'exécutif.
Ainsi, nous allons rencontrer prochainement la ministre qui avait répondu favorablement à certaines de nos revendications sans pour autant les satisfaire intégralement.
Pour le reste, les sujets d'action publique qui intéressent l'AFDEL sont de plus en plus nombreux. Parmi les thèmes importants sur lesquels nous serons impliqués en 2013, je citerai :
- la fiscalité du numérique, sur laquelle nous allons bientôt nous prononcer ;
- la protection des données personnelles, bouleversée par le développement du Cloud et des réseaux sociaux ;
- l'exception culturelle française ;
- le financement des infrastructures et la neutralité d'Internet.
Sur ce dernier sujet, nous avons participé à la table ronde organisée par la ministre mardi dernier. Cette initiative nous a permis de préciser notre attachement à cette notion et à ce que la chaîne de valeur de l'Internet ne soit pas déstabilisée par de nouvelles taxes ou des barrières à l'entrée sur les réseaux.
Nous ne sommes pas des passagers clandestins comme je l'ai entendu, nous donnons de la valeur aux infrastructures et jusque-là ce modèle a très bien fonctionné. Préservons-le. Plus largement, l'économie numérique, qui est au cour des changements économiques et sociétaux, fait face à une levée de boucliers de certains secteurs.
L'AFDEL se doit d'être présente sur tous ces fronts, d'autant plus que les pouvoirs publics attendent des acteurs industriels du numérique qu'ils se rassemblent pour parler d'une voie commune.
Cela n'est pas toujours simple : notre économie est parfois un peu immature et certains acteurs préfèrent créer de nouvelles structures pour défendre leurs intérêts spécifiques, plutôt que de rejoindre l'existant et d'y associer leurs projets. Cette situation complique le travail des pouvoirs publics et nous affaiblit tous globalement.
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