Affaire Linagora-BlueMind : le partenaire Teclib reste serein
Teclib, le fournisseur et intégrateur de solutions numériques spécialisé dans les technologies libres et open source, invitait, hier dans ses locaux parisiens, ses partenaires Avencall et BlueMind à venir présenter leur solution commune de communications unifiées. Deux acteurs de l'open source. Rappelons que le premier propose Xivo, une solution de téléphonie sur IP (disponible en version Premium Edition depuis aujourd'hui) que la société intègre elle-même, et le second une application de messagerie en ligne complète (agenda, gestion des contacts.) pour poste fixe comme mobile et dont la version 3 a été présentée en janvier dernier.
La solution, « qui, en amenant téléphonie et messagerie, répond à 90% des besoins du marché », estime Sylvain Garcia, ingénieur avant-vente chez BlueMind, assure la gestion de présence, le click to call, la synchronisation des bases de contacts fixe et mobile, la réception des messages vocaux par emails, la gestion automatisée du calendrier, de réservation de salle, la messagerie instantanée, etc., derrière une administration qui se veut simple et accessible depuis un navigateur. « Des scénarios d'usage concrets », assure le responsable qui indique que la réservation de pont de conférence, la vidéo conférence en WebRTC, les emails en mode déconnecté ou encore la gestion unifiée de messages vocaux sont inscrits, parmi nombre de fonctionnalités à venir, dans la roadmap.
Pas d'impact business
Nous avons profité de cette présentation pour interpeler Pascal Aubry, dirigeant de Teclib, sur l'affaire BlueMind/Linagora et avoir son avis en tant que partenaire premium de l'offre de messagerie (BlueMind ne travaillant qu'en indirect). Rappelons que la SSLL Linagora a porté plainte contre BlueMind qu'elle accuse de contrefaçon de sa solution de messagerie OBM. Une plainte révélée à grand fracas à l'occasion du dernier salon SolutionsLinux en date, le 20 mai.
Quelques semaines après ce coup d'éclat de Linagora, Pascal Aubry « ne voit pas d'impact sur le business » pour l'heure. « Nous avons décidé d'anticiper après SolutionsLinux pour rassurer nos clients. » Sur son blog, le fournisseur indiquait, le 27 mai, que « Teclib soutient son partenaire BlueMind et assure à ses clients utilisant la solution BlueMind en Saas chez Teclib ou au sein de leur propre système d'information, qu'ils n'encourent aucun risque financier ou juridique et qu'il ne doivent pas tenir compte de la campagne de désinformation actuelle. »
Les clients receleurs ? Une blague
Pourtant, Linagora estime, sur le site qu'il dédie spécifiquement à cette affaire, que « les partenaires et usagers de la solution Blue Mind se retrouvent de facto dans la position de receleurs de contrefaçon, délit civil et pénal ». « C'est une blague, réagit Pascal Aubry, une pure campagne de désinformation. » Selon lui, les deux logiciels n'ont rien à voir. « Le logiciel a été totalement réécrit, certes avec les mêmes développeurs, mais pas à la même époque ni les mêmes technologies. » En PHP à l'origine pour OBM au cours de la précédente décennie, en Java pour BlueMind à partir de la création de la société en septembre 2010.
Il est vrai, en revanche, que Pierre Baudracco, le dirigeant de BlueMind, et son équipe sont à l'origine des deux projets, OBM ayant été rachetés par Linagora historiquement à l'orée des années 2000. Mais, du côté de BlueMind, on réfute les accusations de débauchage massif des développeurs et de violation d'obligations contractuelles portés par la société dirigée par Alexandre Zapolsky. « Tous les collaborateurs sont partis [de chez Linagora] par raz-le-bol du management et sont entre temps passés dans des sociétés qui n'avaient rien à voir avec le logiciel libre avant de rejoindre BlueMind », justifie Sylvain Garcia. Une analyse que confirme Pascal Aubry qui, en tant qu'ancien membre du comité exécutif de Linagora, « connais très bien [son] mode de management ».
Beaucoup de remue ménage pour rien
Pour le dirigeant de Teclib, cette affaire provoque « beaucoup de remue ménage pour rien. La justice fait son travail et il n'est pas à l'avantage de Linagora ». La SSLL avait en effet été déboutée, le 28 avril par ordonnance du TGI de Bordeaux, de sa demande d'interdiction provisoire de poursuivre l'exploitation et la commercialisation des composants susceptibles d'être issus d'OBM dans BlueMind. « Je ne suis pas inquiet », conclut Pascal Aubry. Et de regretter que « en agissant de la sorte, Alexandre Zapolsky continue de discréditer sa société et il est dommage qu'il s'enlise dans ces conflits ». Un conflit appelé à durer plusieurs mois, un expert indépendant chargé de comparer les codes ayant été nommé par le tribunal. « En attendant, on se concentre sur nos développements », assure-t-on du côté de BlueMind.
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