Antitrust : Intel va défendre son cas à huis clos
Intel va devoir jouer serré. Très serré même. D'après une information de Reuters, le fondeur s'apprête à défendre son cas en huis clos, suite aux accusations portées par la Commission européenne. En effet, l'UE soupçonne Intel d'abus de position dominante.
Avec près de 80% des PC embarquant ses microprocesseur, le fabricant jouit d'une position en effet très favorable. Son principal adversaire, AMD, éprouve depuis de nombreuses années les pires difficultés à progresser dans un contexte verrouillé par un seul acteur. A ce titre, Intel est soupçonné d'avoir pratiqué des baisses de tarifs destinées à contrer toute concurrence et à avoir fait pression sur les fabricants de PC pour les détourner d'AMD.
Neelie Kroes, la commissaire chargée de la Concurrence devrait mener l'offensive contre le géant de Santa Clara. Et une fois de plus l'addition pourrait être salée. En cas de culpabilité, la Commission pourrait réclamer au fondeur jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires.
La défense d'Intel sera donc des plus capitales pour un groupe dont les penchants monopolistes sont dénoncés de longue date.
En 2005, le challenger d'Intel dépose successivement deux plaintes, une au Japon et une aux Etats-Unis. L'objet des griefs est identique. Intel aurait exercé des pressions sur des fabricants, les obligeants à limiter ou à éviter les achats de semi-conducteurs concurrents. Dell, Sony, Compaq et Acer font partie des entreprises intimidées.
A l'époque Intel rejette toutes les accusations portées à son encontre. Sûr de lui, Paul Ottelini, le p-dg d'Intel rappelle que toutes les plaintes de ce type se sont réglées à l'avantage de son entreprise.
La même année, la Commission européenne commence à s'intéresser de près aux pratiques d'Intel. Plusieurs locaux de la société font l'objet d'inspection en Europe.
En 2006, Intel enregistre une victoire inattendue. Un juge de New York invite AMD à retirer sa plainte. L'ensemble des chefs d'accusation portant sur les activités hors des Etats-Unis sont jugés irrecevables, la justice estime qu'elles n'ont rien à faire dans le dossier constitué par AMD. Le répit sera de courte durée. A la fin de cette même année, un juge prend le contre-pied de la décision formulée auparavant et force le fondeur à fournir des documents portant sur son activité à l'étranger.
En Europe, Intel n'est pas à l'abri non plus. Les différents cas lui ayant mis la puce à l'oreille, la Commission s'attelle à suivre le fondeur avec une attention toute particulière. En 2007, des inspecteurs européens sont de nouveau chargés d'enquêter sur le cas d'Intel et des différentes sociétés de fabrique ou de revente d'ordinateurs parmi lesquelles se trouvent un filiale du groupe PPR.
Avec tous ces éléments en sa défaveur, la convocation d'Intel par les autorités de la concurrence se déroulera dans une ambiance particulièrement défavorable pour le fondeur. D'autant plus que les 889 millions d'euros d'amende essuyés par Microsoft au mois de février sont encore dans toutes les têtes.
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