Débat : les opérateurs doivent-ils ouvrir leurs réseaux ?
Quel sera le visage de l'opérateur télécoms en 2020?? A défaut de pouvoir répondre à la question, les représentants d'opérateurs (Thierry Bonhomme pour Orange, Jean-Paul Arzel pour Bouygues Telecom, John Stratton de Verizon Enterprise Solutions), du régulateur (Philippe Distler de l'Arcep), et d'un établissement financier (François Artignan, BNP Paribas) sont venus partager leurs visions dans le cadre du débat «?Opérateurs Telecoms: dinosaures ou mutants??» organisé par l'institut de veille numérique G9+ lundi 17 juin dernier. Un débat animé par Yves Gassot, directeur général de l'Idate.
En 2020, la 5G devrait avoir fait ses premiers pas, peut-être sur la bande des 700 MHz que les régulateurs internationaux espèrent pouvoir exploiter afin d'harmoniser les spectres des fréquences pour faciliter l'itinérance mondiale. Autant de transformations technologiques et réglementaires que les acteurs des télécoms doivent prendre aujourd'hui en compte pour assurer leur développement.
Lequel se tournerait inévitablement vers une accélération de la convergence, tant fixe et mobile que par la combinaison de différents modèles d'innovation y compris ceux des tierces parties. Une stratégie qui vise à faire face aux pressions économiques qui s'accentuent.
Ouvrir l'infrastructure
C'est en tout cas l'avis de John Stratton qui, invité en visioconférence, indique que Verizon veut «?ouvrir et exposer [son] infrastructure physique, les capacités du réseau à l'innovation des tierces parties, cela permettra plus d'adoption des services?».
Une vision éloignée, en apparence, des problématiques des opérateurs européens victimes de la récession économique et de la concurrence accrue du secteur provoquée par la régulation poussée de l'industrie. « La régulation a renforcé le modèle low-cost aux dépens de l'investissement, estime François Artignan, responsable de la branche Media et Télécom finance de BNP Paribas, cette industrie solide il y a cinq ans n'est plus un safe-haven pour les investisseurs. Or elle a besoin d'accès aux capitaux, il ne faut pas détruire cela. »
Monétiser les services
Régulation qui risque de néanmoins se poursuivre aux dépens des marges des opérateurs, notamment avec le projet de suppression des coûts d'itinérance en Europe.
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La comparaison avec le marché américain porte aussi sur la monétisation des services. Un client Verizon paierait ainsi 2 à 3 fois plus qu'un abonné français. « La valeur s'est déportée vers le terminal et les applications, on n'a pas su la retenir du côté du réseau, c'est un facteur à corriger dans le temps pour changer la donne en Europe », souligne Thierry Bonhomme directeur exécutif des services de communication Entreprises d'Orange.
La 4G s'inscrit comme l'occasion à ne pas rater pour augmenter le revenu mensuel moyen par abonné. Mais aussi les objets embarqués, le M2M (Internet des objets, à commencer par l'emblématique voiture connectée), les wearables (Google Glass, écrans «?tatoués?» sur le bras.), le cloud, que pourra mettre en ouvre le SDN (Software Defined Network) avec « la présence des applications sur tous les nouds du réseau », souligne Jean-Paul Arzel, directeur réseaux Bouygues Telecom.
Quels services pour la 4G ?
Encore faudra-t-il trouver les bons services qui permettront de monétiser la 4G. Ce qui passera, pour les 5 prochaines années, par « la continuité des réseaux fixes et mobiles, la couverture des réseaux, l'expérience client autour des usages liés au débit montant », estime le porte-parole de Bouygues Telecom. La poursuite de l'existant en somme.
Certains, dont Philippe Distler, pensent que les services viendront des technologies. D'autres estiment qu'il faut répartir la valeur entre les fournisseurs de services et contenus (OTT) et les opérateurs de réseaux. Encore faudra-t-il retrouver la confiance des utilisateurs finaux, écornée par des promesses non tenues, telle la fibre optique pour tous à moindre coût.
Quelle que soit la mutation que subiront les opérateurs face à la transformation de l'industrie, « l'écosystème numérique exigera des accès flexibles, mobiles, à hauts débits », a conclu Yves Gassot.
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