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Entente entre les opérateurs: Thierry Breton contre-attaque

Le ministre des Finances, ancien patron de France Télécom s'estime blanc comme neige et déclare qu'il faut punir les opérateurs si les faits sont avérés. L'affaire prend une tournure politique

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Entente entre les opérateurs: Thierry Breton contre-attaque

Après une journée de silence radio, le ministre des Finances Thierry Breton, ancien p-dg de France Télécom, prend enfin la parole. Quel a été son rôle dans la présumé entente secrète entre les trois opérateurs mobiles révélée par

le Canard Enchaîné afin de geler le marché ? (voir nos articles). Visé par le rapport de la Direction de la Concurrence, Thierry Breton aurait participé à des réunions où cette entente aurait été évoquée. Mais le ministre nie en bloc. Principal argument: les dates ne correspondent pas. « Il y a eu une plainte en février 2002, déposée par UFC-Que choisir en suspectant éventuellement une entente, donc six mois avant que je n'arrive (à la tête de France Télécom, ndlr). Le Conseil de la concurrence qui est une autorité indépendante, qui ne dépend d'aucun ministère, ni de Bercy, ni de quiconque, s'est auto-saisi pour effectuer les enquêtes nécessaires », insiste-t-il ;lors d'une interview sur France Info. Et d'enfoncer le clou: « Avant que je n'arrive, il y a eu une plainte. Je suis arrivé à la fin octobre 2002 ». Même tonalité de la part des services de Bercy qui tentaient dès hier d'allumer un contre-feu: « Tout ce qui concerne une implication de Thierry Breton dans un Yalta présumé des opérateurs téléphoniques et l'annulation de la table ronde du 16 juin est un tissu d'erreurs ». Sauf que, selon le Canard Enchaîné, le rapport vise directement l'ancien patron. C'est Thierry Breton lui même qui aurait parlé d'un « Yalta des parts de marché » lors d'un comité exécutif réunissant le 28 octobre 2002 les principaux opérateurs. Mais le ministre des Finances s'estime blanc comme neige. Et n'hésite pas à prévoir des sanctions contre les opérateurs: « S'il y a eu une entente (entre les opérateurs de téléphonie mobile Orange, SFR et Bouygues Telecom), il faut punir, s'il n'y a rien eu, il faut le dire », a-t-il dit. Pour autant, l'homme est dans une position délicate. Comment va-t-il gérer ce dossier alors que ses liens avec l'opérateur historique sont encore étroits? Certains comme Patrick Devedjian, ancien ministre de l'Industrie dans le précédent gouvernement, n'hésitent pas à parler de conflits d'intérêts. Charge de Patrick Devedjian « Thierry Breton n'était pas à la tête de France Télécom au moment des faits. Mais moralement, il serait en position de conflit d'intérêt, ayant gardé de la sympathie et de l'amitié pour les personnes qui travaillent chez France Télécom. Son statut d'ancien président de France Télécom pourrait laisser planer une suspicion sur la manière dont il gère le dossier des télécoms », explique-t-il au Figaro. Et d'ajouter: « De plus, il ne défend pas assez la concurrence, il est peu actif sur le dégroupage total, il ne se bat pas en faveur des MVNO ». C'est ce qu'on appelle se faire tailler un costard! Qui plus est par un membre de la même famille politique! Mais n'oublions pas que Patrick Devedjian est un sarkosyste pur jus. « En tant que ministre de l'Economie et des Finances, je n'ai aucunement la tutelle de l'autorité qui va juger », a répliqué Thierry Breton. « Ce n'est pas moi qui gère le dossier des télécoms, c'est M. (François) Loos (actuel ministre de l'Industrie), donc il n'y a aucune ambiguïté d'aucune sorte », a ajouté le ministre. « Donc, les choses sont assez sereines. Il y a un peu de polémique, on s'amuse ici ou là », a-t-il conclu. Drôle de conception de la sérénité! François Loos de son côté a jugé « pas vraiment républicain » le comportement de Patrick Devedjian. Le ministre délégué à l'Industrie a soutenu Thierry Breton en assurant qu'il n'y avait « aucun conflit d'intérêts ». « Toute cette affaire date de 1997 à 2002, donc de toute façon cela ne le concerne même pas », a-t-il dit. Répondant aux critiques de son prédécesseur sur la gestion des télécoms par le nouveau gouvernement, François Loos a assuré que le gouvernement prendrait « les mesures nécessaires au mois de septembre ». « S'il (NDLR: Patrick Devedjian) ne comprend pas que ça peut durer jusqu'au mois de septembre pour les régler, c'est quand même un peu étonnant », conclut-il. Quant au porte-parole du gouvernement, Jean-François Coppé, il estime « déplacés » les propos de Patrick Devedjian. Enfin, le Parti socialiste a dénoncé « la gravité des allégations » du rapport et demandé la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire « pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire » et « ses prolongements ». Amendes et indemnisations

Les opérateurs risquent en théorie une amnde allant jusqu'à 10% de leur chiffre d'affaires mondial. Mais en cas de condamnation, l'UFC-Que Choisir

« pourrait demander l'indemnisation des usagers », indique Alain Bazot, président de l'UFC dans un entretien au quotidien économique La Tribune. Le Conseil de la concurrence rendra en novembre sa décision sur les soupçons d'entente entre les trois opérateurs de téléphonie mobile, apprend-on auprès de cette instance indépendante. « C'est un dossier qui est en cours d'instruction devant le Conseil de la concurrence et la décision devrait être rendue avant la fin de l'année », a expliqué un responsable de la communication du Conseil. « Ça serait prévu pour novembre, peut-être la deuxième partie de novembre. »

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