Fin de la pub sur France Télé : les opérateurs mobiles contre-attaquent
La messe est dite mais les opérateurs télécoms veulent encore y croire. En 2009, la publicité aura complètement disparu des chaînes du service public. Et pour compenser un manque à gagner estimé à 1 milliard d'euros par an, le gouvernement a notamment opté pour une « taxe infinitésimale » sur le chiffre d'affaires de nouveaux moyens de communication, comme l'accès à internet ou la téléphonie mobile.
La réaction des grands opérateurs s'est fait un peu attendre, mais elle est cinglante. « Nous ne pouvons accepter (cette taxe)inopportune et particulièrement contre-productive », écrit Frank Esser, le patron de SFR et président de la Fédération française des télécoms dans une lettre adressée à Nicolas Sarkozy dont les Echos ont obtenu une copie.
Le p-dg souligne qu'il n'y a pas de « lien direct » entre les télécoms et le financement des chaînes publiques. Surtout, la Fédération menace d'« accroître les tarifs ou de baisser les investissements ». Pour le lobby des télécoms, augmenter la redevance serait en revanche une « solution logique, claire et pérenne ».
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Emmanuel Forest, directeur général de Bouygues Télécom indique également que cette taxe aura pour conséquence « de rajouter une ligne sur la facture,Il n'y a aucun lien entre les contenus et nos revenus, qui proviennent à 99 % de la voix et des SMS et en aucun cas de la télévision sur mobile ».
Début janvier, les MVNO (opérateurs virtuels) montraient également leur inquiétude. Une taxe pourrait leur être « fatale »estime l'association Alternative Mobile qui regroupe la plupart des MVNO.
« La concurrence sur la téléphonie mobile s'exerce dans des conditions très difficiles pour les MVNO, qui sont encore très fragiles face aux opérateurs historiques », rappelle dans un communiqué l'association.
Et de poursuivre : « Là où une nouvelle taxe pourrait perturber les acteurs historiques, elle risque en revanche d'être fatale aux MVNO, tous encore engagés dans une phase d'investissement, et pour lesquels une taxe sur le chiffre d'affaires ne ferait que repousser davantage la perspective d'atteindre un jour leur équilibre économique ».
Cette taxe pourrait alors « les faire disparaître et engendrer un renforcement des acteurs dominants, au détriment de la concurrence et des consommateurs »,conclut le communiqué.
Dans les colonnes de Silicon.fr, Julien Allisy, directeur marketing de Virgin Mobile, 1er MVNO français, indiquait également : « La situation financière des MVNO est loin d'être mirobolante. Commencer à nous taxer, ne serait-ce que d'1%, pourrait remettre en cause la santé financière de tout un secteur. Cette taxe irait en fait à l'encontre de la raison d'être des MVNO, c'est à dire générer plus de concurrence. Les MVNO ont déjà assez à faire avec la concurrence acharnée des opérateurs de réseau, si on nous rajoute une taxe, les plus faibles disparaîtront. »
Là encore, l'augmentation des tarifs est mise en avant : « Cela peut faire partie des mesures que l'on pourrait mettre en place. Il faudra bien compenser l'impact de cette taxe sur notre business. Mais il est encore trop tôt pour parler de contre-mesures, le flou autour du dispositif est encore très important et l'annonce a pris tout le monde de court ».
Rappelons enfin que les opérateurs mobiles ne seront pas les seuls à être taxés pour compenser l'arrêt de la pub : les revenus publicitaires des chaînes privées, les produits éléctroniques pouvant recevoir la TV et les revenus de la publicité en ligne seront également ponctionnés.
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