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IT Life: L'Herald Tribune externalise un double datacenter

Profitant d'un déménagement, le Herald Tribune a décidé d'externaliser sa salle informatique en la dédoublant sur deux sites distants. Un témoignage IT Life.

Publié par La rédaction le | Mis à jour le
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IT Life: L'Herald Tribune externalise un double datacenter

Le quotidien International Herald Tribune* (IHT) a été fort longtemps fidèle à la ville de Neuilly-sur-seine, jusqu'au jour où, pour raisons économiques, il a été décidé de déménager à la Défense. Laurent Zannettacci, architecte Réseau & Télécom, explique ici les principaux enjeux qui ont alors été mis en avant. Et les innovations mises en oeuvre.

Chaque jour, les équipes rédactionnelles de l'IHT envoient leurs pages de journal vers 35 sites à travers le monde pour être imprimées puis diffusées dans 130 pays. Le réseau joue donc un rôle capital dans l'organisation, chaque page devant être transmise impérativement dans un délai le plus court possible.

Alors que, en 2009, des investissement avaient été réalisés dans une nouvelle génération de serveurs, il a été décidé, en vue du déménagement,  de ne plus rien héberger du système d'information dans les nouveaux locaux à la Défense. L'option d'un hébergement extérieur a été retenue, d'autant que le prestataire sélectionné (Equinix) préparait l'ouverture d'un deuxième site d'hébergement toujours en Seine Saint-Denis - ce qui permettait au quotidien international d'envisager un plan de sécurité avec possibilité de reprise d'activité (PRA) fondé sur deux sites distincts.

La solution repose sur une interconnexion en fibre optique (choix de l'opérateur Interoute) et, pour la fin 2013, sur un 'géo-cluster' de serveurs s'appuyant sur VMware et NetApp.

L'économie de la solution, pour un investissement de 100 000 euros, environ se situerait entre 35 et 40% (en coûts fixes et mensualités). Rien que grâce à la fibre noire, les coûts d'accès ont été divisés par 5 !

Silicon.fr - Qu'est-ce qui a été le plus motivant dans ce projet déménagement?

Laurent Zannetacci - C'est la création d'un double datacenter. Nous avons décidé la mise en oeuvre d'un deuxième datacenter à l »identique du premier, pour construire une solution PRA (plan de reprise d'activité). Nous en avons profité pour déployer des technologies innovantes, dont celles de VMware. En effet, nous avons notamment opté pour la virtualisation, de sorte que les deux datacenters, distants et distincts physiquement , soient vus comme une seule entité logique. Le projet a démarré en septembre 2012, à l'occasion de notre déménagement de Neuilly vers La Défense.

Nous avons choisi d'externaliser notre salle machine. Nous avons l'avons fait héberger chez un prestataire sur deux sites distincts en Seine Saint-Denis. Et nous n'exploitons plus de serveurs dans nos locaux, où ne subsiste qu'un local technique pour la baie de connexion réseau et télécoms.

Nous sommes donc en réseau, selon une architecture triangulaire, via des accès fibre noire, loués à Interoute à un prix compétitif. C'est à dire qu'il y a en permanence deux accès disponibles, en redondance - l'un passant au nord de la Seine et l'autre au sud.

Quels ont été les principaux leviers technologiques du projet?

Tout d'abord, le choix de la fibre optique. Après consultation et appel d'offres, nous avons retenu l'offre d'Interoute. Nous avons choisi d'éclairer nous-mêmes cette fibre en nous équipant de solutions de commutateurs d'origine Juniper Networks. Ils nous apportent dès à présent une capacité de 10 gigabits/s. La latence inter-site est, quant à elle, inférieure à 700 micro secondes sur un parcours tout juste inférieur à 40 km.

Sur quels autres projets travaillez-vous?

Nous allons porter toute notre téléphonie également sur ce réseau d'interconnexion. Pour le moment, nous disposons de deux iPBX Mitel sur notre site de la Défense. Nous prévoyons de les déplacer sur chacun de nos deux datacenters distants et de les connecter selon le protocole 'SIP trunking' en nous appuyant sur l'offre d'Orange Business Services. Là encore, notre installation télécoms sera 'full IP' et totalement redondante. Et donc, nous n'aurons plus aucun équipement critique à maintenir à la Défense.

Vous n'avez aucune appréhension sur ces liaisons télécoms ?

Non, aucune. Nous avons une très bonne pratique du réseau et nous avons confiance dans l'architecture mise à place, avec deux sites distants capables de se relayer instantanément et avec deux chemins d'accès distincts. Nous avons effectué la mise en production du deuxième datacenter fin avril. Tout s'est bien passé.

Où est le nouveau défi, alors?

Le vrai défi qui nous attend, d'ici à la fin 2013, c'est la mise en oeuvre de ce datacenter logique, unique, reposant sur deux entités physiques distinctes. Là sera sans doute le plus innovant et, d'une certaine façon, le plus risqué, même si nous avons confiance dans l'infrastructure alliant VMware et NetApp. Car nous devrons acquérir la maîtrise de cette solution.

C'est que VMware appelle un  »géo cluster' : c'est donc une architecture qui permet de déplacer des VM (machines virtuelles) à chaud d'un site à l'autre. Et tout l'espace de stockage nécessaire peut ainsi suivre, dans le déplacement de ces VM lorsqu'elles sont « rallumées » à chaud sur l'autre site. Donc, le gros atout, c'est qu'il y a synchronisation des baies de stockage (NetApp, en l'occurrence) en temps réel.

En fin d'année, nous aurons donc un PRA, avec deux sites distants, « actifs/actifs », en redondance.

Quels autres enjeux vous mobilisent?

Celui de la sécurité. Le New York Times, notre maison-mère (*) a été victime, en septembre 20012, d'une sévère attaque de hackers. Preuve que des menaces sérieuses pèsent sur la presse. Nous avons fait l'objet d'une attaque visant un de nos journalistes qui enquêtait, depuis le Proche Orient, sur des actes de corruption en Chine. L'attaque, très sophistiquée, a été détectée à New York. La multiplication des accès mobiles ne facilite pas la tâche. Bref, c'est devenu un vrai sujet, très sensible.
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(*) Le Herald Tribune est filiale à 100% du New York Times. Il a été créé à Paris en 1887 par le journaliste américain James Gordon Bennett junior. A l'origine, il s'appelait le New York Herald Tribune et composait l'édition internationale du grand quotidien New York Herald.

Depuis 2003, il a pour actionnaire unique le New York Times (basé à New York). En fin d'année 2013, il devrait être rebaptisé International New York Times.

Les français le connaissent bien via le cinéma: dans le film A bout de souffle (Jean-Luc Godard), l'actrice américaine Jean Seberg en fait la promotion sur les Champs Elysées, face à un certain Jean-Paul Belmondo.

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