JO : Finalement, la Chine censurera le Web
Le gouvernement chinois a, malgré ses promesses, annoncé la censure de la Toile pour les médias accrédités. Ce bridage inacceptable a été confirmé par Sun Weide, un porte-parole du comité d'organisation.
« Pendant les jeux Olympiques, nous fournirons un accès à internet suffisant pour les journalistes » a précisé Sun Weide. « Notre promesse était que les journalistes pourraient se servir d'Internet pour leur travail pendant les Jeux olympiques. Et nous leur avons donné suffisamment d'accès pour cela », ajoute-t-il. Un accès suffisant mais restreint selon le bon vouloir des autorités de Pékin.
Les pages web de la chaîne britannique BBC ou encore, le portail d'Amnesty International sont d'ores et déjà inaccessibles, d'après des informations confirmées par des journalistes déjà présents au centre de presse de Pékin. D'autres sites, dont la liste n'est pas connue, seront également blacklistés.
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Du côté du Comité international olympique, le malaise s'amplifie et on contredit allègrement aujourd'hui ce qui a été dit hier.« Ils (les responsables chinois) ont toujours fait clairement savoir que l'accès à certains sites posait problème et nous travaillons avec eux pour nous assurer que les médias aient le moins de restrictions possibles »,a expliqué à l'AFP Giselle Davies, la porte-parole du CIO.
Or, il y a deux semaines, Jacques Rogge le président du Comité, promettait une liberté totale aux journalistes.« Pour la première fois, les médias étrangers pourront faire des reportages librement, les transmettre librement en Chine. Il n'y aura pas de censure sur internet »,avait-il déclaré à l'AFP.
« A neuf jours de la cérémonie d'ouverture, il s'agit d'une provocation supplémentaire des autorités chinoises. Cette situation nous laisse craindre de nombreux cas de censure pendant les Jeux. Nous dénonçons l'immobilisme du Comité international olympique face à cette situation et sommes plus que sceptiques quant à sa capacité à "veiller" à la diffusion de l'information« , dénonce Reporters sans frontières dans un communiqué.
De puis de longs mois, le CIO faisait pourtant part de ses inquiétudes au comité d'organisation chinois. Au mois d' avril dernier, peu de temps après les tragiques évènements du Tibet, les autorités chinoises avaient assuré la mise en place d'un accès internet conforme aux standards olympiques.
Toutefois, il semblerait qu'à moins de dix jours de l'ouverture des Jeux Olympiques, Pékin soit revenu à ces anciennes habitudes. Pour leur 29ème édition, les JO, dans les stades et sur le Web devraient se dérouler sous une véritable chape de plomb déjà connue des internautes chinois mais que les journalistes du monde entier pourront expérimenter de visu.
Hôtels surveillés
Dans le même temps, l'AFP révèle que la Chine prévoit d'espionner les clients des hôtels étrangers pendant les Jeux, a affirmé mardi le sénateur américain Sam Brownback. Il a dit avoir été alerté par les organisations de défense des droits de l'homme, et que « plusieurs chaînes internationales d'hôtels » ont confirmé avoir reçu des consignes pour installer des logiciels destinés à surveiller l'activité sur la Toile.
Le sénateur républicain du Kansas a présenté des traductions en anglais des instructions reçues par ces hôtels. « Refuser l'installation ou arrêter le système après installation sera passible de punition », indique l'un des documents, citant des amendes de 5.000 yuans (732 dollars) pour un individu et 15.000 yuans (2.197 dollars) pour une organisation. M. Brownback a appelé la Chine à revenir sur ces dispositions qu'il juge contraires à « l'esprit olympique » et affirmé qu'il allait présenter une résolution au Sénat visant à condamner ces actions.
Pour la Chine, ce type de mesures de surveillance reste conforme aux normes internationales.
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