La finance valide « l'excellence » de la stratégie d'IBM
Tout comme les États, les entreprises sont soumises à l'appréciation, parfois discutable, des agences d'évaluation financière. IBM peut aujourd'hui s'en féliciter, la redoutée agence Standard and Poor's (S&P) venant de relever sa note d'un cran, de A+ à AA-.
IBM s'était engagé au cours de la dernière décennie dans un vaste mouvement visant à réduire la part du matériel dans son activité au profit du logiciel et des services. Point d'orgue de cette stratégie audacieuse, la cession en 2005 de sa division PC au chinois Lenovo, qui, à l'époque, avait particulièrement fait jaser la communauté IT.
Quelques signes, de notre point de vue mal analysés, avaient pu laisser croire qu'IBM avait commis une erreur en adoptant cette stratégie, en particulier lorsque le chiffre d'affaires (CA) de HP avait dépassé celui de Big Blue, plaçant de facto son concurrent à la première place des entreprises informatiques. Nous avions été les premiers, à l'époque, à dénoncer cette vision limitée d'une économie trop centrée sur le matériel, et avions affirmé que nous préférions la marge d'IBM au CA de HP !
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Des choix in fine pertinents
Aujourd'hui, l'évolution du marché et des technologies vient confirmer la pertinence des choix d'IBM, au point qu'HP, et plus tardivement Hitachi, Fujitsu, NEC, ou encore Dell - qui avance dans cette direction à marche et acquisitions forcées - lui ont emboité le pas, souvent bien maladroitement. À la différence de ses concurrents, qui tirent encore la majorité de leurs profits du matériel, il ne reste quasiment plus à IBM que les serveurs, du stockage (en grande partie en OEM) et des réseaux - bref, tout ce qu'il faut pour déployer une infrastructure cloud - pour une part réduite de son CA. En revanche, ses activités logiciels et services représentent désormais 84 % de son bénéfice d'exploitation.
Pour S&P, ces activités affichent aujourd'hui « des tendances d'exploitation stables et des marges plus élevées ». Sous-entendu, les activités informatiques traditionnelles de fabrication de matériel n'ont plus tant la côte et affichent un côté 'has been'. En revanche, l'agence vient par ce discours confirmer la stabilité du secteur des logiciels et services. Fruit de ce lent mouvement de fond de ses activités, IBM obtient donc un relèvement de sa note par l'agence de notation S&P, A+ à AA-, et la requalification de sa stratégie logiciels et services de « solide » à « excellent ».
Plus de pression sur IBM ?
Attention, cependant, l'annonce pourrait également cacher un effet pervers. Lorsque Molly Toll-Reed, analyste de S&P, déclare que son agence prévoit que « IBM compensera les pressions sur les marges dues à un secteur très concurrentiel par des réductions de coûts et une efficacité améliorée », cela pourrait se traduire une nouvelle fois par une réduction d'effectifs, dans le seul but de satisfaire la finance et les actionnaires. Une manière de justifier les réductions en cours et à venir (des rumeurs circulent, en particulier sur la filiale française) avec comme objectif de maintenir IBM en position d'entreprise la plus rentable chez les très grands de l'informatique.
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La Bourse américaine a en tout cas accueilli l'annonce en plaçant dans la nuit le titre IBM sur une certes méritée, mais bien maigre, tendance haussière. À confirmer à l'ouverture de Wall Street.
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