Les réseaux mobiles actuels encaisseront la montée du trafic Internet à moindre frais
L'augmentation de la consommation de bande passante des réseaux mobiles induite par l'émergence des services Internet obligera-t-elle les opérateurs à des investissements massifs dans les infrastructures? Si, à première vue, la réponse penche pour l'affirmative, une étude vient bouleverser cette vue d'esprit.
Dans sa lettre du 15 mars 2010, EuroTMT publie une étude de Exane BNP Paribas et Arthur D. Little qui estime qu'il n'y a « pas de nécessité d'augmenter significativement les investissements ». Selon les auteurs, en 2015 les opérateurs européens pourraient limiter à 12 % de leurs chiffres d'affaires, les investissement réseaux nécessaires pour répondre à la demande contre 10 % aujourd'hui. Plus étonnant, le très haut débit mobile LTE (4G) ne serait pas nécessaire avant 2013 dans la majorité des cas.
Pourtant, l'étude reconnaît que le trafic Internet mobile va être multiplié par 32 d'ici 5 ans. Une clé 3G consommera 5 Go par mois contre 1,1 Go aujourd'hui, un smartphone atteindra le giga contre 150 Mo. Et 60 % des abonnés utiliseront un smartphone, par définition consommateur de services en ligne, contre 18 % aujourd'hui.
Mais ces augmentations de trafic seraient facilement absorbables par des mises à jour à moindre coût des réseaux mobiles actuels, selon l'étude. Surtout, estiment les auteurs, l'essentiel de cette consommation s'effectuera dans les zones urbaines où les opérateurs pourront s'appuyer sur l'infrastructure filaire optique pour faire transiter les données.
Le réseau ADSL pourrait également être exploité pour acheminer les connexions mobiles via les réseaux wifi et Femtocell (antenne 3G à domicile). Selon Cisco, cité dans l'étude, 28 % des connexions mobiles en France pourraient être acheminées par ce biais en 2014. A en croire le document, l'acquisition de nouvelles fréquences pour renforcer le spectre des réseaux des opérateurs serait même superflue. A se demander pourquoi Orange, SFR et Free ne cachent pas l'intérêt qu'ils portent au reliquat des fréquences de la 4e licence 3G.
«Pour déployer un réseau il faut au bas mot 3 ans, commente Michel Borne, consultant pour le cabinet B&L Associés spécialisé dans la conduite du changement pour les entreprises. Et il est plus important de considerer l'hypothèse d'équipement de 60% de smartphones que le déploiement des solutions qui sont de la responsabilité des opérateurs. Or un opérateur voit aujourd'hui plus loin et est habitué au changement! A Barcelone, le déploiement massif de LTE n'était annoncé que pour 2013. Il n'y a pas contradiction entre la vision à long terme des opérateurs et la vision à court terme de l'étude: les opérateurs lisseront les investissements et auront effectivement une transition un peu difficile lors du saut de technologie.»
(Arcticle mis à jour le 22 mars 2010.)
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