Pour Ericsson, l'IoT prendra son essor avec les standards
Début mai, Ericsson présentait IoT Accelerator, une plate-forme proposée en mode PaaS pour gérer les déploiements et exploitation des objets connectés mâtinée de services de facturation et de magasins applicatifs permettant d'animer l'écosystème. « IoT Accelerator permet au client de simplifier et faciliter le développement d'applications IoT », résume Michel Liotard, responsable IoT chez Ericsson France, qui précise que la plate-forme sera disponible en novembre prochain.
Exploitant des technologies de connectivité, de Cloud, de Big Data et les composants (chipsets, capteurs.), l'IoT offre la perspective de nouveaux services innovants, d'une efficacité plus grande pour l'industrie et d'une nouvelle source de revenus, notamment pour les développeurs. Depuis le studio de démonstration de Kista en Suède, Anders Backerholm a ainsi illustré comment l'IoT pourrait aider à la transition numérique de l'entreprise et la société. Il a notamment présenté un système de vignes connectées qui, en mesurant la température du sol, le taux d'humidité, etc., permet de surveiller plus finement la pousse du raisin depuis son smartphone ou encore de mieux contrôler la vinification. Il a également évoqué le rôle de la voiture connectée qui, au-delà de l'idée d'en rendre la conduite autonome, pourrait générer de nouveaux services comme la livraison sécurisée de courses déposées dans le coffre du véhicule en l'absence du propriétaire. Sans oublier le contrôle distant des besoins de maintenance du véhicule par le constructeur. Ajoutons toutes les possibilités apportées aux villes connectées (smart cities) pour en améliorer la gestion, le fonctionnement et la surveillance.
11?000 milliards de dollars en 2025
Face à ces perspectives, Ericsson affiche donc sa volonté claire de jouer un rôle majeur sur le marché très prometteur de l'IoT. Un marché dont il évalue à 26 milliards le nombre d'objets qui seront connectés en 2020 (hors smartphones, tablettes, PC, TV et autres terminaux dotés d'une interface utilisateur), le double environ à plus long terme, pour une valorisation économique de 11?000 milliards de dollars en 2025 dans le monde. Dont 10 milliards d'euros fin 2016 rien qu'en France avec une croissance attendue de 20% par an en moyenne.
Une évolution du marché auquel Ericsson entend répondre en s'appuyant sur trois piliers?: l'évolutivité du dimensionnement (scalability), la sécurité (avec une offre mêlant authentification du réseau et confidentialité des données) et les standards. « Aujourd'hui, chacun fait sa solution dans son coin mais nous pensons que l'IoT prendra véritablement son essor quand il y aura des standards et que l'on pourra faire interagir l'ensemble des objets entre eux », déclare Frédéric Vergnaud, responsable des solutions coeur de réseau et Cloud chez Ericsson France. Il fait évidemment référence aux technologies LPWA déployées par les opérateurs, mobiles ou dédiés, qui émergent aujourd'hui à travers Lora, Sigfox ou encore Ingenu aux Etats-Unis.
Pas de Lora chez Ericsson
Malgré l'intérêt marqué des opérateurs pour ces nouveaux réseaux, « on ne va pas développer de station de base Lora, on reste dans les standards pour accompagner les opérateurs à déployer ces technologie, tranche le Michel Liotard. Ericsson est positionné sur les standards. » Au risque de laisser passer quelques marché à l'heure où les opérateurs (comme Orange et Bouygues Telecom en France sur Lora, Sigfox chez SFR) déploient et commercialisent leurs réseaux?? « Pendant un certain temps, il y aura une complémentarité. Des objets sont déployés avec les technologies disponibles aujourd'hui. Mais dans trois ans, les acteurs regarderont ce qui est alors disponible », estime Michel Liotaud. S'il ne condamne pas l'avenir de Lora ou de Sigfox, « il y a trop de technologies, ce sera difficile qu'elles se maintiennent toutes dans un système standardisé qui permettra de les déployer partout ». Car c'est là la force des standards mobiles?: pouvoir s'appuyer sur une infrastructure déployées sur la planète entière pour diffuser rapidement les nouvelles normes. « Seule une simple mise à jour logicielle du coeur de réseau et de la partie radio est nécessaire », assure Frédéric Vergnaud.
Ericsson supporte donc les trois normes IoT aujourd'hui en cours de finalisation par le 3GPP (l'association de standardisation des technologies mobiles)?: le LTE-M en 4G pour les besoins importants de transports de data (jusqu'à 10 Mbit/s) et destiné au monde industriels ou aux services voix (comme les appels de secours pour les ascenseurs); l'EC-GSM, qui s'appuie sur la 2G pour opérer les objets à des vitesses de l'ordre de 100 Kbit/s en direction des smart grid, wearables ou localisation de véhicule; et le NB-IoT pour les envois plus modestes d'informations à quelques Kbit/s tels la télérelève, les bâtiments connectés, et autres besoins de connectivité pour l'agriculture. Les trois normes visent à développer des objets permettant de couvrir des rayons de 10 kilomètres et alimenter des objets à l'aide de composants à moins de 20 dollars et dont l'autonomie doit dépasser les 10 ans. « Trois technologies qui permettent d'adresser les différents cas d'usages », considère Michel Liotard (voir schéma ci-dessous). Elles seront disponibles dans les prochains mois sur le marché. Chez Ericsson, les logiciels pour les piloter sont déjà disponibles.
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Le retard du 3GPP
Comment expliquer l'émergence des ses nouvelles alternatives pour connecter les objets alors que les solutions de type M2M existent depuis longtemps?? Michel Liotard reconnaît que le 3GPP a pris du retard dans l'IoT en se focalisant sur la 5G qui, il a encore deux ans, devait tout englober. Mais, entre temps, Sigfox a initié le mouvement (dès 2012), entrainant l'émergence de Semtech et son modèle Lora.« C'est seulement depuis 2 ans que tous les acteurs du 3GPP se sont réveillés. Et ont accéléré l'arrivée des normes », confirme-t-il. Quant aux opérateurs qui se tournent aujourd'hui vers Lora, ils « devront faire face à des défis car tout le monde peut déployer du Lora. avec un risque d'interférence et de fragmentation que n'oppose pas le modèle du 3GPP ». Au final, pour Michel Liotard, « il s'agit d'un phénomène assez classique où plusieurs technologies se développent mais finissent par disparaître avec l'application des standards ». L'avenir le dira.
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