EMC World : Joe Tucci remplacé par Pat Gelsinger ?
En direct d'EMC World, Las Vegas. Entre le keynote d'ouverture d'EMC World et une séance de Q&A qui nous a permis de l'interroger directement, Joe Tucci n'a pas manqué de marquer cet EMC World de sa présence. Même si, fidèle à son image, celui qui a fait d'EMC le géant mondial du stockage de données ne s'est toujours pas dévoilé.
Joe Tucci, lors du dernier conseil d'administration du groupe en janvier dernier, a confirmé qu'il restait à la tête du groupe à la demande de ce même conseil qui l'avait nommé CEO en 2001, mais seulement jusqu'au prochain conseil qui se tiendra en janvier 2013 (EMC : le stockage, la santé, les projets et Tucci). À cette date, il cèdera sa place à la tête d'EMC, mais conservera son fauteuil de président jusqu'en 2016.
Un keynote consensuel
Brossant le portrait de 40 ans d'informatique, pour conclure sur la valeur désormais incontournable de la donnée, son intervention en ouverture d'EMC World aura été consensuelle. « Dans les IT, tout change, et la première chose qui accompagne le changement, ce sont les technologies, qui donnent de plus en plus d'agilité et nous amènent vers le temps réel ». S'inscrivant dans une approche plus prospective que la manifestation elle même, qui met l'accent sur le cloud et le Big Data, le patron a clairement indiqué que « le temps réel est la prochaine killer application ».
En retrait face aux journalistes
Par ailleurs, pour Joe Tucci, cloud public ou cloud privé, la question n'a pas de sens, ce n'est qu'une problématique de déclinaison de services. « Nous croyons fortement et profondément qu'il y aura des dizaines de milliers d'entreprises qui adopteront le cloud privé, et des milliers qui proposeront un cloud public. [.] Nous devons marquer plus de focus sur les données non structurées. La question est : comment pouvons nous changer les choses ? »
« Nous devons trouver le moyen de traiter les nouvelles masses de données, de changer nos business, de devenir "information centric world-class". D'ou notre message "transform myself". Le stockage est l'élément critique de l'infrastructure, il impose un plus fort degré de résilience ». Enfin, interrogé sur l'intégration d'Isilon dans le portefeuille des solutions d'EMC et dans sa stratégie Big Data, Joe Tucci a indiqué que « les architectures scale-out se placent au dessous de toutes les autres infrastructures ». Et de conclure en indiquant qu'EMC continuera de réaliser de nombreuses acquisitions.
La succession en question
Le bonhomme est toujours aussi peu bavard, en particulier lorsqu'il est confronté aux journalistes. D'ailleurs, c'est principalement Pat Gelsinger, président et COO de la division information infrastructure products d'EMC, qui a animé le débat, et en particulier répondu à toutes les questions techniques. Ce n'est pas une surprise, Joe Tucci ne s'engageait que rarement dans cette voie lors des interviews.
De quoi cependant relancer un autre débat, celui de la succession. Depuis son transfuge d'Intel, Pat Gelsinger est généralement désigné comme le dauphin de Joe Tucci. Le rôle du premier, mis en avant durant toute la manifestation, et même lors du duo médiatique, ne signifie finalement pas grand chose. N'est-ce pas la place du COO (Chief Operating Officer) du groupe ? Elle correspond bien en revanche à l'état d'esprit bourru, en retrait, parfois hautain du big boss. Nous ne pouvons en tirer aucune conclusion.
De l'image à la rumeur
Dans les couloirs, en revanche, la question circule. Et les réactions du côté des forces vives tempèrent l'image que semble vouloir donner le duo : Pat Gelsinger est loin de faire l'unanimité ! La place ne serait donc pas assurée pour celui qui fait figure de dauphin ? Il semblerait en tout cas que le scénario affiché chez Intel se renouvelle.
Intarissable quand il s'agit d'évoquer la mission du chrétien dans l'entreprise et ses engagements auprès de la Singing Hills Christian Church de Hillsboro dans l'Oregon, Pat Gelsinger a fait carrière chez Intel, pour finir au poste de senior corporate vice-president et directeur général la méga division digital enterprise group du fondeur. Il avait en charge les processeurs pour PC et serveurs (Xeon et Itanium), les communications et le stockage, avec 12 000 employés et un chiffre d'affaires annuel de 20 milliards de dollars. Mais là bas déjà il ne faisait pas l'unanimité, ce qui lui a probablement barré la route pour prendre la place du chef.
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