Huawei réduit sa dépendance au « made in USA »
La prise de distance qui s'opère entre Huawei et ses fournisseurs américains s'illustre avec le smartphone Mate 30.
Huawei n'a pas encore coupé le cordon avec ses fournisseurs américains, mais la prise de distance est manifeste.
On en arrive à cette conclusion en examinant plusieurs smartphones que le groupe chinois a récemment lancés.
En toile de fond, des sanctions que l'administration Trump a décrétées au printemps.
Parmi elles, le placement de Huawei sur une liste noire. Les entités qui y figurent ne peuvent se procurer de technologies auprès d'entreprises U.S., sauf avec une autorisation gouvernementale.
Parmi ces technologies, il y a Android ; plus précisément, l'ensemble des composantes propriétaires du système d'exploitation.
En conséquence, Huawei a commencé à livrer des smartphones dépourvus des composantes en question. En premier lieu, les applications Google, dont le Play Store. Le Mate 30 (en photo ci-contre) en est un exemple en haut de gamme. Même chose côté tablettes avec la MatePad Pro (ci-dessous), concurrente de l'iPad Pro.
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L'exception Mate 30 ?
Sur le Mate 30, lancé en octobre, la prise de distance avec les fournisseurs américains va plus loin. Tout du moins d'après une analyse qu'UBS a menée avec le laboratoire japonais Fomalhaut Techno Solutions.
Huawei s'est rabattu sur sa filiale HiSilicon pour un certain nombre d'éléments. Parmi eux, les amplificateurs 2G, 3G et 4G, fournis entre autres par Qorvo et Skyworks sur d'anciens modèles. Mais aussi les puces Wi-Fi / Bluetooth : exit Broadcom, qui est en par exemple le fournisseur sur le P10 Plus (smartphone lancé en 2017).
Dans certains cas, Huawei s'est appuyé sur d'autres fournisseurs. Par exemple :
- Amplification audio : Cirrus Logic (sollicité notamment sur le P30 Pro lancé en mars dernier) laisse place au néerlandais NXP
- Gestion de l'énergie : ON (impliqué sur le P10 Plus) laisse place au taïwanais MediaTek
- Recharge sans fil : IDT (fournisseur pour le P30 Pro) est remplacé par le français STMicroelectronics
Le Mate 30 est-il une exception ? L'examen de sa déclinaison Pro en version 5G pousse à relativiser. Cirrus Logic est encore à la baguette pour les amplificateurs audio ; Qualcomm, pour une partie des modules radio ; TI, pour les switchs MIPI.
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Reste par ailleurs la question Kirin.
Pour développer ces processus (dont le prochain modèle est attendu pour le 2e semestre 2020 avec une gravure en 5 nm), HiSilicon s'appuie sur la propriété intellectuelle d'Arm.
L'entreprise britannique estime que ses technologies sont « made in UK ». Et qu'elles ne sont donc pas concernées par l'embargo. En tout cas pour l'actuelle architecture ARMv8-A et pour celle qui lui succédera.
Photos d'illustration © Huawei
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