Projets numériques de l'État : une conduite scrutée par la Cour des comptes
La Cour des comptes a rendu public mercredi son rapport sur la conduite des grands projets numériques de l'État. « Celle-ci a connu ces dernières années des réussites notables, comme le prélèvement à la source, mais aussi des échecs retentissants [Louvois, ONP et Cassiopée], notamment dans le domaine de la gestion des ressources humaines. »
Une cinquantaine de grands projets numériques sont actuellement suivis par la direction interministérielle du numérique Dinum (anciennement Dinsic), « chacun pour un coût supérieur à 9 millions d'euros », a souligné la juridiction indépendante.
Elle dresse, dans son rapport, un bilan mitigé de la conduite des projets.
Lire aussi : { Tribune Expert } - Règlement sur l'Intelligence artificielle : vision holistique et éthique de l'innovation
La Cour des comptes pointe, entre autres :
- l'inadaptation des trajectoires des projets et de leur gouvernance
- l'insuffisance du financement et des moyens humains
- l'abscence d'une responsabilité unique en gestion de projet
- une méconnaissance des bonnes pratiques de conduite de projets
Rôle majeur des DSI
La Cour reconnaît le rôle « majeur » des responsables des directions des systèmes d'information (DSI), sur lesquels les secrétaires généraux tendent à s'appuyer largement. »
Elle alerte à ce propos : « une trop large délégation aux DSI de la responsabilité de supervision qui échoit en principe aux secrétaires généraux, n'est pas sans risque. »
Pour quelles raisons ?
Lire aussi : STMicroelectronics présente son modèle financier pour 2027-2028 et sa trajectoire vers son ambition 2030
« Les responsabilités traditionnelles et essentielles des DSI dans la maîtrise d'ouvre et la gestion quotidienne de la ressource informatique des ministères risquent de l'emporter sur les nouvelles missions de conduite de projets de transformation numérique. »
Montée en compétences
La Cour des comptes formule ses recommandations pour mieux faire.
La juridiction encourage notamment :
- les mutualisations entre ministères
- le renforcement de la supervision
- la maîtrise des enjeux techniques
- l'attention portée à l'expérience des utilisateurs
- le développement des compétences numériques des personnels, en particulier « des cadres dirigeants et intermédiaires de l'administration trop éloignés du numérique. »
Respect des échéances
Elle observe, par ailleurs, « si les méthodes dites agiles semblent s'être diffusées au sein des administrations, il n'est pas certain que les conditions de leur application, notamment dans le cadre de grands projets, garantissent tous les bénéfices escomptés. »
En conséquence, « plutôt que d'afficher des portefeuilles trop fournis en grands projets, les ministères gagneraient à sélectionner dans le cadre d'une programmation pluriannuelle, à cinq et dix ans, un nombre réduit de projets de taille moyenne (5 à 20 M? de coût complet d'investissement), réalisables sur des échéances courtes (dix-huit mois à trois ans maximum) et s'organiser pour faire en sorte que ces échéances soient respectées », recommande la Cour des comptes dans son rapport.
Et de conclure : « pour autant, quelle que soit la taille des projets à conduire, il y a urgence à doter les administrations de l'État des profils de compétence, nécessaires à la réussite de la transformation numérique des services publics. »
(crédit photo © Shutterstock)
Sur le même thème
Voir tous les articles Actualités