Odile Grassart, Société Générale: « Objectif 2015, recruter 650 CDI d'informaticiens »
650 informaticiens recrutés en France en 2014 ! La Société Générale espère dénicher autant de talents en 2015. Une internalisation qui ne devrait pas enchanter les prestataires. Entretien avec Odile Grassart, directrice du recrutement du groupe Société Générale.
Odile Grassart est directrice du recrutement au sein de la Société Générale. Elle revient avec nous sur la politique de la banque en matière de recrutement IT : profils, nombre de postes ouverts, internalisation des compétences.
Silicon.fr : Que représente le recrutement informatique dans le Groupe en 2014?
Odile Grassart : Le groupe Société Générale a recruté 4650 personnes en 2014 (1500 DCI, 1400 alternants, 1500 stagiaires et 250 VIE), tous métiers et types de contrats confondus. Et 900 de ces embauches concernaient l'informatique, dont 650 CDI et 250 alternants, stagiaires ou VIE (volontaires Internationaux en Entreprises). Ces 650 CDI d'informaticiens en 2014 représentent un record historique pour notre groupe.
Comment est organisée la DSI du groupe Société Générale?
L'organisation compte trois DSI, dont deux sont orientées métier. L'une est dédiée à la banque de détail (réseau), l'autre à la banque d'investissement et la banque privée. Enfin, la troisième est en charge de l'infrastructure. Elles répondent donc à différents besoins. Sur les 72 pays où nous sommes présents en notre nom, la division informatique compte un total de 12 000 personnes, dont une partie employée par des prestataires. En France, l'informatique compte 5 500 personnes. Les emplois au sein des DSI sont très diversifiés. En effet, elles regroupent 35 métiers dont la plus grande partie est représentée par les développeurs, les chefs de projet, les spécialistes en infrastructure ou en sécurité, ou encore les architectes réseau - entre autres.
Recrutez-vous des juniors ou plutôt de seniors? Combien planifiez-vous d'embauches d'informaticiens pour 2015?
Sur les 650 personnes embauchées en 2014, 70 % étaient expérimentées et avaient occupé au moins deux postes sur une durée de cinq à six ans. Les 30 % restant étaient des juniors ou des personnes réorientées. Il arrive que des gens correspondent au poste en interne. Toutefois, nos besoins étant trop importants, nous devons recruter en externe.
Concernant les alternants les stagiaires, la Société Générale organise des événements baptisés "Boost your carrier" pendant lesquels les postulants rencontrent des managers. Suite à deux de ces sessions en 2014, nous avons proposé 80 postes en décembre dont des VIE (volontaires internationaux en entreprises). Notre objectif en 2015 : recruter 600 à 650 informaticiens et plus 350 stagiaires et alternants.
Candidatures Internet ou lettres spontanées ?
Les candidatures spontanées restent marginales, 99 % des demandes arrivent par le web, car notre site web SG Carrier est très efficace et rapide (enrichi aussi suite à des accords avec quelques sites de recrutement). Pour compléter de dispositif, nous déployer en 2015 le logiciel Taleo [NDLR : racheté par Oracle en 2012] pour gérer les talents et l'arrivée de nouveaux collaborateurs.
Lire aussi : Economie IT : un coup de froid attendu pour 2025
Il faut préciser que la croissance des embauches a également été favorisée par les transformations de P2I (ou PII pour Parcours d'intégration individualisé) en CDI.
Nous profitons aussi de campagnes de recrutement pour abaisser la pyramide des âges, en recrutant des "Digital Natives" qui nous aideront à imaginer la banque de demain, à réinventer la banque, en coordination directe avec les métiers.
L'informatique au coeur de la banque doit nous permettre de répondre au plus vite aux attentes et demandes des clients : mobilité, banque à distance, relation directe, solutions innovantes, interactions, etc.
La transformation du groupe accélère chaque jour grâce à l'informatique au coeur de ses activités. Et la Société Générale doit montrer combien elle est innovante et numérique. Par exemple, nous avons doté nos employés de 90 000 tablettes à travers le monde. Ainsi, ils peuvent rester connectés et accéder en toute sécurité aux applications de l'entreprise, et si nécessaire aux réseaux sociaux. Autre enjeu majeur pour les DSI : la sécurité des données et des échanges.
Pour répondre à tous ces enjeux, il devient difficile de recruter des talents. Quelles actions menez-vous pour y parvenir ?
Bien sûr, nous sommes très présents auprès des masters informatiques comme l'Ecole Centrale, Supelec, Telecom SudParis, l'Efrei (Ecole française d'électronique et d'informatique), Ensimag (Ecole nationale supérieure d'informatique et de mathématiques appliquées), l'Epita, l'Isep ou ENSEEIHT à Toulouse (Ecole nationale supérieure d'électrotechnique, d'électronique, d'informatique, d'hydraulique et des télécommunications). Dans ce cas, la Société générale participe à des forums, donne des conférences, parraine et parfois soutient même financièrement un établissement.
Nous nous intéressons aussi aux Universités comme Pierre et Marie Curie ou Dauphine ou aux Miage formant des informaticiens. Enfin, nous menons des actions auprès d'écoles moins traditionnelles comme l'Epitech, Ecole 42, ou l'Epita.
Les actions sont de plusieurs natures. Des informaticiens de la Société Générale vont expliquer leur métier et démontrer combien la banque offre de responsabilités, de liens passionnants avec les métiers. Et nous proposons régulièrement des vidéos de témoignages. La Société Générale organise aussi des hackatons basés sur des sujets réels correspondant à des besoins de terrain. Outre la dotation de prix, nous proposons aussi des CDI aux meilleurs participants.
Quels atouts de la Société Générale séduisent-ils les jeunes talents ?
Outre l'univers bancaire passionnant, nous proposons à ses informaticiens de travailler avec divers métiers, avec des valeurs d'équipe d'engagements de responsabilisation et d'innovation. De plus, le groupe Société Générale peut favoriser la mobilité interne.
Toutefois, nous avons étudié les attentes et les motifs de satisfaction des nouveaux embauchés (auxquels nous nous efforçons de répondre) et qui sont dans l'ordre : la passion et l'intérêt du travail, le cadre de travail, et enfin la rémunération. Les autres considérations ne semblent pas attirer vraiment les jeunes talents.
En 2014, nous avons adressé environ 10 000 candidatures aux trois DSI pour pourvoir les 650 postes.
Menez-vous aussi des campagnes purement Société Générale ?
Absolument ! Nous avons mis en place le concept d'ambassadeur virtuel. Les employés volontaires (aucune obligation) reçoivent six offres d'emploi tous les 15 jours provenant de SG Carrier (https://careers.societegenerale.com/). Généralement il s'agit de postes ou des métiers en tension, et ses ambassadeurs acceptent aussi de relier ces offres sur leurs réseaux sociaux de type LinkedIn. 35 % des employés concernés sont satisfaits de ce principe, et même demandeurs.
Nous organisons des événements de recrutement appelés "Join Our Team Today". Sur ces demi-journées, nous présentons les différents métiers informatiques concernés. Puis, les postulants sont invités à passer des tests (logique, verbale, etc.) et à s'entretenir avec un manager. Si tout se passe bien, un entretien a également lieu avec une personne des ressources humaines. Et le candidat est immédiatement informé de la décision.
Le dernier événement de ce type a eu lieu au stade Jean Boin à Paris, et a permis de recruter 100 alternants, après avoir entendu entre 400 et 500 candidats.
L'informatique représentant un outil essentiel pour la Société Générale, nous avons mis en place un processus supplémentaire. Une fois par semaine les "champions managers" se réunissant comité de lecture, pendant lesquelles ils épluchent les CV arrivés sur leurs tablettes. En moyenne, 20 à 30 % des CV sont sélectionnés et envoyés aux managers en recherche.
Ainsi, les managers s'impliquent pour dénicher en toute connaissance de cause leurs futurs collaborateurs dans les meilleures conditions.
A lire aussi :
Sur le même thème
Voir tous les articles Business