Paris signe un partenariat avec Microsoft mais ne tourne pas le dos à l'Open Source
Microsoft fait son retour à Paris ! C'est sous les ors des salons de l'Hôtel de Ville que Bill Gates, fondateur de Microsoft et Bertrand Delanoë, maire de Paris, ont signé un partenariat technologique. Un accord qui signe le retour de la firme de Redmond dans une capitale tentée par les sirènes de l'Open Source ? Pas vraiment. Le partenariat signé est avant tout social.
Il s'agit d'une initiative assez unique pour Microsoft (mais pas pour Paris qui a signé ce type d'accord avec France Télécom, Cisco, SFR). « Paris est le leader dans beaucoup d'activités et il y a beaucoup à faire pour aider les sans-emplois, les start-ups, le développement numérique. Nous avons voulu faire converger nos ressources », déclare Bill Gates.
Différentes mesures vont être développées en commun. La Ville de Paris et Microsoft vont ainsi travailler ensemble pour faciliter le retour à l'emploi
dans le secteur informatique. L'objectif est de permettre le retour à l'emploi d'une centaine de personnes au chômage la première année. La Ville identifiera les candidats. Microsoft, avec l'appui de l'un de ses centres de formation agréés, présentera les métiers, proposera les formations et mobilisera ses contacts pour permettre le placement en entreprise.
Qui sera concerné ? Les jeunes qui ont des difficultés à trouver un emploi et les informaticiens allocataires du RMI qui ont du mal à retrouver un emploi après une rupture professionnelle.
Microsoft mettra par ailleurs en place un cycle de formation de 20 jours, sur une période de 3 mois, à destination des animateurs des Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS)qui accueillent des personnes très démunies. L'éditeur mettra à disposition des espaces multimédia des supports pédagogiques ainsi qu'une équipe dédiée.
Enfin, Microsoft participera à l'élaboration du « Centre Sportif Numérique », dans le quartier de la Porte de Montreuil, qui début 2009, mêlera les activités physiques et virtuelles, avec une dimension éducative (comportement, santé, connaissance des nouvelles technologies.). Les développeurs de jeux vidéo seront sollicités pour créer des jeux spécifiques pour cet espace. Le développement de ce projet prendra appui sur les entreprises de jeux vidéo situées dans ce quartier et coordonnées par l'association Capital Games.
Microsoft, avec sa marque Xbox, contribuera à la réalisation de cet espace
numérique innovant par la mise à disposition de matériel, de services multimédias.
Le volet économique n'est pour autant pas oublié. Mais il se limite au strict minimum. Le programme IDEES, signé en juin 2006 entre la Ville et Microsoft, qui vise à encourager le développement de start-ups parisiennes dans le domaine du logiciel et du numérique et de les accompagner dans leur croissance, sera élargi. 40 entreprises seront accompagnées au lieu de 20.
Par ailleurs, Microsoft mettra à disposition de ces start-ups des journées d'expert, de formation mais aussi des contacts internationaux (notamment pour le financement) et des équipements de visioconférences.
Pas de logiciels donc. Il faut dire que la Ville de Paris réfléchit depuis plusieurs années à migrer vers le logiciel libre au nom de la réduction des coûts et de l'indépendance technologique. Une indépendance qui ne sera pas remise en cause par cet accord.
« Le travail en commun entre une collectivité locale et une entreprise privée ne peut se faire qu'à la condition que chacune respecte les valeurs et l'indépendance de l'autre. Un article du partenariat clarifie à ce sujet les relations entre les partenaires en indiquant : « Le présent accord n'est pas exclusif. » », explique la Mairie.
Et Bertrand Delanoë d'ajouter : « Chacun garde son indépendance et je garde mes orientations technologiques. Je suis très heureux de ce partenariat mais dans le même temps je pratique l'ouverture vers le logiciel libre, je suis pour que la concurrence fasse son office ».
Bill Gates, visiblement amusé par tant d'insistance a néanmoins tenu à nuancer : « L'accord n'est pas exclusif mais je tiens à rappeler que beaucoup de logiciels libres sont compatibles avec Windows. La neutralité est une bonne chose mais on peut très bien faire cohabiter libre et propriétaire sans chercher à exclure qui que ce soit ». Sacré Bill. Souvenons-nous qu'en son temps, Microsoft avait tout fait pour éloigner Paris des rivages du libre, quitte à casser le prix de ses produits.
C'est en tout cas un bon coup de pub pour Bertrand Delanoë, à quelques semaines des élections municipales. D'ailleurs, le maire prépare déjà l'avenir: « J'ai l'intuition que, si je suis en situation, nous n'avons pas finit de nous voir et d'entreprendre ensemble ».
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