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VirginMega, la Fnac et EMI tournent le dos aux DRM

Ces verrous techniques qui empoisonnent la vie des consommateurs ne font plus l'unanimité chez les Majors et les distributeurs

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VirginMega, la Fnac et EMI tournent le dos aux DRM

Encensés hier, les DRM, ces verrous techniques (Digital Rights Management) appliqués aux CD et aux fichiers numériques pour empêcher ou limiter leurs copies afin de lutter contre le piratage, commencent aujourd'hui à diviser le secteur. Inscrits et légitimés dans la loi, notamment au sein de la fameuse loi DADVSI, les DRM pourraient être abandonnés car trop contraignants. Déjà, des acteurs de taille commencent à leur tourner le dos.

Il faut dire que l'essor de la musique en ligne est pénalisé par ces protections (en 2006, les ventes de musique numérique ne représentaient que 5% du chiffre d'affaires des ventes de musique en France, lire notre encadré). Le marché est freiné par le manque d'interopérabilité des plates-formes. Concrètement, les utilisateurs ne peuvent transférer tels fichiers sur tels baladeurs. L'exemple le plus criant est celui d'iTunes d'Apple qui officiellement n'est comptabible qu'avec l'iPod. Inversement, les propriétaires de baladeurs ne peuvent acheter que sur des sites compatibles. En cause, les DRM. Conséquence : l'usage du P2P, qui permet de télécharger des titres intégralement interopérables (format mp3) ne faiblit pas. Tout le contraire des objectifs des Majors.

En octobre dernier, VirginMega, le deuxième site de vente de musique en ligne en France, filiale du groupe Lagardère, ouvre le débat sur la vente de titres sans protection afin d'élargir le marché en s'adressant à tous les formats de baladeurs.

« Les DRM sont un frein énorme au développement du marché de la musique en ligne car, suivant le standard de votre baladeur, vous pourrez ou non accéder à tel ou tel site légal, cela crée de la frustration » déclare Laurent Fiscal, directeur marketing produits de Virgin Megastore.

« L'interopérabilité ne viendra vraisemblablement pas des grands industriels de l'informatique. Une des solutions est de tester un marché sans DRM. En (les) supprimant, nous voulons faciliter la vie aux 2% de consommateurs qui font l'effort d'acheter de la musique légalement et élargir le marché à ceux qui ne le font pas » ajoute-t-il.

Aujourd'hui, le distributeur va plus loin et annonce que 200.000 titres de son catalogue seront désormais vendus sans DRM, au format mp3. Ils proviennent de labels indépendants comme V2. Un site dédié sera mis en place en mars afin de ne pas 'pénaliser' le catalogue de titres protégés. Le prix d'un titre sans DRM sera le même : 0,99 euros.

Fnac lui emboîte le pas et promet, dans les prochaines semaines, un catalogue de 150.000 titres sans verrous techniques.

EMI, une des quatres grandes majors du marché, a annoncé de son côté qu'elle avait cessé d'intégrer des DRM à ses derniers disques. « Nous ne produisons plus de disques contenant de telles protections depuis quelques mois », a précisé une porte-parole d'EMI à Reuters. Et d'ajouter: « Cela ne veut pas dire que nous abandonnons complètement ces systèmes de protection de contenus mais que nous évaluons cette possibilité ».

Les mentalités évoluent. Même Bill Gates a changé son fusil d'épaule. Alors que Microsoft use et abuse des DRM, notamment au sein du duo baladeur Zune et plate-forme Zune MarketPlace, le fondateur de Microsoft estime aujourd'hui que les DRM ne sont pas la bonne solution. En tout cas, en l'état.

« Les contraintes pour le consommateur sont nombreuses. Il y a encore d'énormes problèmes avec les DRM et nous avons besoin de modèles plus flexibles « , a-t-il déclaré lors d'une réunion de blogeurs. Et d'ajouter: « Nous n'avons pas mis en place exactement ce qu'il faut en termes de simplicité ou d'interopérabilité. »Sans blagues ?

A quelques jours de l'ouverture du Midem, le marché international du disque, ces initiatives risquent de créer un débat bien nécessaire. L'essentiel du secteur mise encore sur ces verrous techniques au risque de se mettre à dos les consommateurs et de tirer une balle dans le pied de la musique en ligne.

Ventes de disques : retour à la baisse Le chiffre d'affaires (gros hors taxe) des ventes de disques (singles, albums et vidéos musicales) en France a baissé de 13 à 14% en 2006 pour un montant de 800 millions d'euros, selon des chiffres provisoires annoncés par le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep). En 2005, le chiffre d'affaires su secteur n'avait baissé « que » de 2,6%.Cette chute des ventes physiques n'a pas été compensée par les ventes sur le marché numérique (internet et téléphonie mobile) qui progressent de 30% à 40 millions d'euros. La musique en ligne représente toujours 5% du marché total de la musique en France.Au détail, le marché des ventes physiques représente 1,3 milliard d'euros TTC, en baisse de 11,8%, pour une centaine de millions d'unités vendues. Les deux tiers sont générés par la téléphonie mobile.Le chiffre d'affaires des ventes de musique sur internet au détail est de 25 millions d'euros, soit une progression de 45%, pour 28 millions de titres vendus.En quatre ans, le marché a connu une baisse de plus de 40%, que les producteurs attribuent essentiellement à l'échange gratuit de fichiers musicaux sur internet via les réseaux « peer to peer » (P2P). Les Majors oubient un peu vite les DRM, le manque d'interopérabilité, le prix des disques et des fichiers numériques, l'essouflement du support CD.

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