Numericable-SFR : la reconquête annoncée pour 2015
« Après 4 ans de baisse, les résultats sont en hausse. » A en croire Eric Denoyer tout va bien aujourd'hui.« Le résultat est en hausse de 21% à 930 millions d'euros [par rapport au premier trimestre 2014 pour le même périmètre] et nous annonçons une prévision de résultats en hausse de 20% sur l'ensemble de l'année », a renchéri le directeur général de Numericable-SFR à l'occasion d'une conférence de presse de présentation des résultats ce mardi 12 mai (plus détaillés ici).
La fusion du câblo-opérateur avec l'ex-filiale de Vivendi en novembre 2014 n'en a pas moins provoqué quelques remous tant du côté des salariés qu'auprès des fournisseurs. Les méthodes musclées de réorganisation des équipes sont régulièrement pointées du doigt par les syndicats qui reprochent le manque de dialogue, les coupes budgétaires drastiques ou encore l'absence de revalorisation salariales. « En France, on est conservateur, on n'aime pas le changement. On a remis les gens au travail », commente Jérôme Yomtov, directeur général délégué. Un changement qui, selon la CFDT, a poussé 250 personnes au départ. Et 1300 intervenants extérieurs qui ont disparu des équipes suite aux renégociations de contrats avec les prestataires.
« Nous avons fait la chasse aux inefficacités dans les coûts », ajoute Eric Denoyer qui précise que le travail a été rapide. « Un groupe de la taille de SFR représente des milliers de contrats que nous avons voulu remettre en ordre aussi vite que possible. » Avec des méthodes frisant le chantage avec des demandes de remises sur des contrats déjà signés et qui ont poussé le Syntec Numérique à saisir les services de médiation de l'Etat. Une manoeuvre qui a porté ses fruits puisque Numericable-SFR signait un accord avec le syndicat des entreprises numériques fin avril pour enterrer la hache de guerre. « Nous avons trouvé un terrain d'entente avec les prestataires membres du Syntec, assure Eric Denoyer. Le désordre est derrière nous ». Y compris avec Dalkia, la filiale de EDF qui a porté plainte pour rupture abusive de contrat suite à un refus de revoir ses conditions tarifaires. Là encore, un accord aurait été trouvé, assure le dirigeant.
Passage au 800 Mbit/s
Eric Denoyer se félicite aussi de la hausse des investissements en cours. De l'ordre de 400 millions au cours du premier trimestre, ils sont amenés à progresser au fil des mois pour dépasser les 1,7 milliard d'euros de 2014. Sans toutefois en préciser les montants. Ils profiteront principalement au déploiement du très haut débit fixe qui vise à porter à 7,7 millions le nombre de foyers équipés de la technologie Docsis 3 à plus de 100 Mbit/s pour la fin de l'année contre 6,7 millions aujourd'hui (avec la volonté de viser les 15 millions en 2020). Notons que, au-delà du parc de 9,1 millions de prises câble installées aujourd'hui dans les foyers, les déploiements se poursuivront en technologie FTTH (fibre de bout en bout).
Eric Denoyer en a profité pour annoncer que Paris intra-muros serait intégralement couvert par les services très haut débit de l'opérateur dès l'été prochain. Ainsi que plusieurs grandes villes (Bayonne, Brest, Lyon, Metz, Montpellier) dans leur « quasi-totalité » avant la fin de l'année. Avec une généralisation du passage à 800 Mbit/s (contre 100 ou 200 généralement aujourd'hui). Une progression des capacités appelé à évoluer vers les 10 Gbit/s grâce à la plate-forme Evolved CCAP de Cisco en technologie Docsis 3.1 que Altice, la holding télécom maison mère de Numericable-SFR, entend déployer sur l'ensemble de ses réseaux en Europe. Une offensive qui répond à la volonté d'Orange d'accélérer sur la fibre.
Une infrastructure très haut débit fixe qui profitera également à la 4G pour le transport des données depuis les stations de base vers le coeur de réseau de l'opérateur. Sur ce point, Numericable-SFR vise les 70% de la population couverte à la fin de l'année pour rattraper son retard sur ses concurrents Orange et Bouygues Telecom (qui revendiquent aujoud'hui entre 70% et 75% de couverture). Et 70% fin 2017 pour une couverture quasi-totale (99%) à la fin de la décennie. D'autre part, SFR a renforcé son infrastructure 3G dans la bande des 900 MHz afin de mieux couvrir Paris et sa proche banlieue. « La qualité s'est améliorées, nous sommes redevenus extrêmement compétitifs », estime Eric Denoyer.
Un forfait mobile à 40 Go
Il n'en reste pas moins que le chiffre d'affaires est, lui, en recul de 4,6% (à 2,74 milliards d'euros) sur le trimestre tout comme la base clients mobiles (-2,5?% à 22,5 millions de comptes). Le dirigeant explique ce recul par une baisse des revenus par abonnés due à la guerre des prix du secteur en 2014 plus que par leur nombre. « Nous pensons qu'il est plus important d'être dans la valeur que dans le volume. Maintenant que nous avons stoppé cette dynamique négative de baisse des prix, nous repartons dans la course au volume. » Une reprise de l'offensive commerciale qui s'illustrera notamment par la nouvelle offre mobile 4G que lancera l'opérateur 19 mai prochain. Celle-ci proposera pas 40 Go de data, en plus des appels/SMS/MMS illimités, les services SFR (stockage Cloud 100 Go, TV, deuxième carte SIM multisurf tablette), 15 jours par an d'appels en itinérance en Europe et dans les DOM et un extra au choix (jeux, musique, VOD, kiosk, iCoyotte). Une offre à «?seulement?» 25,99 euros par mois mais réservée aux abonnés fibre premium.
Côté entreprises, plus que l'amende qui plane sur la tête d'Orange pour abus de position dominante, Numericable-SFR compte bien sur la simplicité d'accès de ses offres très haut débit vers les PME pour conquérir le marché professionnel. « La dissymétrie de marché est importante entre Orange et nous. Nous souhaitons retrouver une part de marché plus proche de nos part dans le mobile », a commenté Eric Denoyer. L'opérateur n'en est pas loin qui cumulerait 25% du marché de l'entreprise pour 30% dans le mobile.
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Pour Eric Denoyer, les « très bons » résultats de ce premier trimestre complet du nouvel ensemble et la simplification des offres accompagnée de la volonté de développer la marque unique SFR permettent au dirigeant (et ses actionnaires) d'aborder l'avenir avec confiance. C'est tout juste si l'action de groupe fraichement intentée par Famille Rurales pour publicité mensongère sur la 4G le gène aux entournures. « J'ai appris la nouvelles par la presse, nous n'avons reçu aucune assignation à cette heure et je serais ravi de les rencontrer pour discuter du problème. »
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