La stratégie IoT des grands acteurs IT
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L’Internet des objets est devenu en quelques mois le futur eldorado des acteurs de l’IT. Smart grid, domotique, santé connectée, industrie 4.0, logistique, urbanisme, agriculture, défense et jusqu’au Tour de France : l’IoT est partout.
Et les cabinets de conseil s’affolent en montrant étude après étude tout le potentiel de l’IoT. Les objets croissent de manière exponentielle et le chiffre d’affaires attendu du secteur se compte en milliard de dollars.
Face à ces deux paramètres, les grands acteurs IT comme IBM, Microsoft, HPE, SAP et AWS entendent profiter de l’explosion des objets connectés pour apporter leur savoir-faire et leurs solutions. Nous vous présentons un tour d’horizon des différentes offres présentes sur le marché
1 IBM se concentre sur Watson
Big Blue concentre sa solution IoT autour de Watson, la technologie d’intelligence artificielle maison devenue en janvier 2014 une division à part entière au sein de la firme. IBM a annoncé en 2015 un investissement de 3 milliards de dollars dans l’IoT. Au départ simple service de traitement Big Data, IBM a enrichi son offre sur le plan tant horizontal (technologique) que vertical (à destination des métiers). Ainsi, sur le premier point, elle a intégré le PaaS Bluemix pour fournir différents kits aux scénarios IoT.
La stratégie d’IBM passe aussi par le renforcement du contenu. Watson a besoin d’information pour donner des résultats et proposer un service à valeur ajouté. C’est ainsi qu’il faut interpréter le rachat de The Weather Company, dont l’objectif est d’apporter des réponses à plusieurs métiers à partir de données externes. Ainsi, les informations météorologiques peuvent être utilisées dans l’agriculture, la production d’électricité ou le transport, mais aussi pour des domaines tels que les études de marché ou les services de prévisions.
Dans le même temps, la firme s’efforce de fournir un kit de développement pour les usages IoT. Une initiative de verticalisation de l’offre qui a débuté par le domaine de la santé. D’autres secteurs d’activités sont maintenant concernés comme l’industrie électronique, la gestion des bâtiments ou la voiture connectée. Au fur et à mesure, Watson s’enrichit et propose de plus en plus de connecteurs avec des partenaires tiers.
2 Microsoft : l’IoT se décline sur Azure
Si IBM a Watson, Microsoft peut compter sur sa plateforme Cloud Azure pour l’IoT. La société offre en effet plus de 1500 services via Azure, dont de nombreux sont dédiés aux objets connectés. Microsoft travaille avec plusieurs partenaires et réalise déjà les premiers projets, dont une coopération avec Thyssen Krupp qui connecte sdes ascenseurs sur Azure, ou Liebherr qui y relie ses réfrigérateurs.
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Au sein de la plateforme IaaS, le pivot se nomme IoT Azure Hub qui concentre différents OS et protocoles pour assurer une communication sécurisée avec les objets connectés. De plus, IoT Azure Hub propose la gestion des terminaux et des accès.
Sur la collecte et l’analyse des données, Microsoft compte sur Stream Analytics pour le traitement en temps réel des informations dans le Cloud. Il s’appuie pour cela sur des technologies Open Source comme Hadoop, Spark ou HBase.
En matière de datawarehouse, les données convergent vers Azure Data Lake. Via Managed Service, l’entreprise offre des modules pour la maintenance prédictive ou la reconnaissance de modèles lors de l’analyse de données de capteurs. L’automatisation de l’ensemble est assurée par le service Machine Learning sur Azure.
3 HPE : traitement en profondeur… et en périphérie
L’approche de HPE sur l’IoT est empirique, puisant sa source dans des expériences au sein de plusieurs domaines existants. On peut évoquer par exemple les serveurs spécialement conçus pour des scénarios de l’industrie 4.0. La firme s’attelle aussi au concept de plateforme à travers l’Universal IoT Platform 1.2. Cette dernière permet de centraliser les données hétérogènes générées par différents objets connectés afin de mieux les analyser. Elle se définit comme ouverte et agnostique sur la partie réseau (elle est compatible avec les différentes connectivités, Sigfox, LoRa, 4G, WiFi).
Pour affiner et promouvoir un standard dans le domaine de l’IoT, HPE mise sur OneM2M, consortium de 237 membres. Ces derniers travaillent pour assurer l’interopérabilité entre les terminaux et les applications dédiés à l’Internet des objets (API, protocole de communication, etc.).
Autre point de la stratégie de HPE sur l’Internet des objets, le traitement de la donnée au plus près des objets, c’est-à-dire en périphérie. Sur cet aspect, la firme américaine a présenté en juin dernier des évolutions de la gamme de serveurs Edgeline (1000 et 4000). Composés de cartouches Moonshot et de modules de stockage, ces vrais systèmes convergés sont capables d’intégrer des capacités d’analyses Big Data via Vertica. HPE s’est aussi entouré de partenaires comme National Instrument, spécialiste de la mesure et de l’automatisation, General Electric (GE) et PTC par exemples.
4 SAP mise sur Hana Cloud Platform
Pour SAP comme pour ses concurrents, l’Internet des objets se décline avec une plateforme en mode Cloud. Mais la particularité est que l’éditeur allemand met en avant son savoir-faire sur les bases de données In-Memory à travers la technologie Hana. Aussi Hana Cloud Platform a-t-elle servi de base pour le Cloud de Siemens, baptisé Mindsphere et orienté vers l’industrie 4.0. Ici, la plateforme a vocation à récolter les données issues des capteurs, senseurs, pour les mettre en relation avec d’autres solutions SAP ou d’autres services d’ERP et de CRM.
La plateforme IoT de SAP repose sur Cloud Foundry, la solution PaaS de Pivotal filiale d’EMC. Pour l’analytique et la gestion de données, l’éditeur mise sur des technologies Open Source comme Kafka, Cassandra ou Spark.
SAP entend aussi verticaliser son offre IoT. Récemment, la firme de Walldorf a lancé Vehicles Network en Europe, première application verticale de son Cloud pour l’Internet des Objets (IoT Cloud). La solution permet aux utilisateurs de porte-monnaie mobiles ou d’applications, ou à des intégrateurs de l’automobile, de payer son plein ou sa place de parking, par exemple. Plusieurs acteurs européens spécialisés dans la gestion des parkings annoncent déjà des développements sur cette base, comme EasyPark, ParkCloud ou OPG Center-Parking. SAP travaille sur d’autres secteurs comme la maintenance prédictive ou la logistique.
Il reste cependant des questions en suspens comme les droits d’accès indirects, c’est-à-dire l’exploitation de données issues de SAP par des systèmes tiers considérés jusqu’à présent par l’éditeur comme des utilisateurs devant disposer d’une licence.
5 Oracle : un portefeuille de bout en bout
Oracle ne peut pas rester en dehors de la tendance IoT. Et lui aussi se base sur son existant en y ajoutant une touche Internet des objets. La plateforme se nomme Internet of Things Cloud Service, avec des applications IoT prêtes à l’emploi comme la surveillance des actifs (Asset Monitoring), le suivi de la production (Production Monitoring), celui de la flotte (Fleet Monitoring) ou encore la gestion des collaborateurs connectés (Connected Worker). Ce service cloud IoT assure une connectivité simplifiée grâce à la virtualisation des équipements, à la gestion des flux de données et aux analyses prédictives. Il combine les informations collectées sur les équipements avec les données contextuelles des applications ERP et CRM grâce à des intégrations natives avec les applications de gestion telles qu’Oracle Service Cloud, E-Business Suite, JD Edwards et PeopleSoft.
Comme HPE, Oracle travaille sur le hardware en complément de la brique logicielle. Il propose ainsi sa propre passerelle avec le serveur Sensor Edge. Celui-ci sert de bus de communication entre les capteurs et le reste de l’IT. Il est capable de fournir plusieurs fonctionnalités comme la gestion et surveillance des performances des capteurs intégrée à l’infrastructure informatique, le filtrage des informations provenant des senseurs, le traitement local des événements des capteurs (via des modèles et des règles) ou la répartition sécurisée et fiable des données collectées vers les applications et bases de données centrales. Ces serveurs sont administrables depuis le Cloud.
Oracle entend verticaliser ses offres IoT Cloud avec des services dédiés aux secteurs de l’automobile, de la santé, de la logistique et du manufacturing. La firme de Redwood Shores met en avant sa capillarité avec 19 datacenters dans le monde fournissant les services IoT.
6 AWS : le petit poucet dégaine son offre
Face aux différents fournisseurs IT, AWS mise sur sa position dominante sur le Cloud public pour s’offrir une légitimité lui permettant de les affronter sur le terrain de l’Internet des objets. Amazon Web Services a d’abord tâtonné en se focalisant sur le traitement des flux massifs de données avec des solutions comme Kinesis.
AWS a depuis lancé, d’abord en version de test, une plateforme nommée AWS IoT. Elle prend place entre le terminal (avec un kit AWS dédié aux objets connectés) et les applications utilisateurs (natives ou via les Amazon Web Services). Elle propose une passerelle IoT (protocoles MQTT et HTTP 1.1), la gestion des messages (avec support avancé des droits d’accès aux données), un moteur de règles permettant de router les messages vers les services de gestion de données AWS (DynamoDB, Kinesis, Lambda, Machine Learning, Redshift et S3), un système de stockage persistant pour palier les ruptures de connexions avec l’objet (Device Shadows) et un large lot d’API dédiées.
Amazon a lancé des kits de développement matériel, en partenariat avec diverses sociétés. Ces derniers sont livrés avec l’AWS IoT Device SDK, compatible C, JavaScript et Arduino Yún.
AWS IoT est désormais sorti de sa phase de test ; le service est maintenant accessible en mouture définitive. Le fournisseur revendique déjà des clients. HealthSuite de Philips s’est ainsi appuyé sur AWS IoT pour collecter et analyser 15 Po de données patients. Scout Alarm l’a également employé pour ses systèmes de sécurité sans fil. De même, les robots aspirateurs Roomba ont fait appel à la plateforme d’Amazon pour cartographier les maisons et appartements afin d’y repérer les emplacements des prises électriques, des lampes, des ordinateurs, etc. Des données intéressantes à valoriser dans le cadre du développement de la stratégie IoT du vendeur d’aspirateurs.
crédit photo © mindscanner – shutterstock
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