ARM ou x86 ? Avec les PC Copilot+, les lignes bougent
L'ère du "PC IA" recontextualise en partie l'opposition ARM-x86 avec, en toile de fond, l'évolution de la relation entre Microsoft et Qualcomm.
Trop tôt pour envisager d'acquérir un PC Copilot+ ? Les roadmaps d'Intel et d'AMD peuvent donner envie d'attendre... tout comme la fin de l'exclusivité dont bénéficie Qualcomm.
Ce dernier a eu une place particulière dans la relance de Windows sur Arm à partir de 2016-2017, quelques années après l'échec de Windows RT. Depuis lors, il est resté le seul autorisé à fournir des processeurs pour cette plate-forme. L'accord avec Microsoft semble toutefois, sinon avoir pris fin, tout du moins être proche de son terme - le patron d'Arm l'a lui-même laissé entendre. MediaTek est dit sur les rangs, notamment en partenariat avec NVIDIA. Les deux groupes ont déjà codéveloppé une puce Arm pour le secteur automobile. AMD aurait aussi des puces Arm dans les tuyaux (il dispose en tout cas d'une licence).
Qualcomm a profité d'une autre forme d'exclusivité, plus brève et qui s'est terminée à l'automne 2024. Le cahier des charges technique des PC Copilot+ lui a permis d'être, pendant quelques mois, le seul à proposer des SoC dotés d'un NPU dépassant le seuil des 40 TOPS (milliers de milliards d'opérations par seconde). Ni AMD ni Intel ne l'atteignait, jusqu'à la commercialisation des Ryzen AI 300 chez le premier et des Core Ultra 2 chez le second. Avec, pour l'un et l'autre, des NPU avoisinant les 50 TOPS.
Certains PC dotés de ces puces n'ont pas bénéficié de fonctionnalités Copilot+ à leur lancement. Il a fallu attendre une mise à jour intervenue en novembre pour accéder à des outils tels que le sous-titrage en temps réel avec traduction, la création d'images dans Paint et la retouche générative dans Photos.
Microsoft et Qualcomm, un partenariat qui date
Lancé à l'automne 2012, Windows RT n'était disponible qu'en version OEM, ne pouvait exécuter que des applications issues du Windows Store et n'embarquait pas de couche d'émulation x86. Cinq appareils furent initialement disponibles, signés ASUS, Dell, Lenovo, Samsung... et Microsoft (une tablette Surface embarquant un SoC NVIDIA Tegra). Deux autres sortirent fin 2013 (une deuxième Surface et une tablette Lumia). Et puis plus rien, jusqu'à ce que le support de Windows RT cesse, officiellement début 2015.
En décembre 2016, Microsoft était revenu à la charge, annonçant sa volonté de lancer une version Arm de Windows pour des appareils équipés de puces Snapdragon. Avec, cette fois-ci, une émulation x86 32 bits en plus de la prise en charge des applications dites de plate-forme universelle (UWP). Les ordinateurs à connectivité cellulaire furent un des premiers angles d'offensive, sous la marque "Always Connected PC". En 2019, l'effort commun entre Microsoft et Qualcomm se traduisit par un SoC spécifique : le SQ1, embarqué dans la Surface Pro X. Deux autres générations ont suivi. Et avec Windows 11, l'émulation x64 a fait son entrée. La technologie sous-jacente (dite Prism) reste néanmoins à parfaire. Il lui manque encore, entre autres, la prise en charge du jeu d'instructions AVX2.
Le facteur NPU
De la marge de progression, il y en a aussi pour la logithèque native de Windows sur Arm, bien qu'elle se soit enrichie dans une certaine mesure avec l'annonce des "PC IA". Chez Adobe, par exemple, After Effects, InDesign et Illustrator restent indisponibles à l'heure actuelle. Même chose, côté virtualisation, pour VMware et VirtualBox. Reste aussi le problème lancinant des drivers. En particulier pour les imprimantes, ainsi que pour les VPN, même si les portages se multiplient sur ce segment. La livraison tardive du Snapdragon Dev Kit - en novembre - n'a pas aidé.
Le chantier est également en cours au niveau des applications destinées à faire tourner des modèles d'IA en local (l'une grandes promesses des PC Copilot+). Et il est double. Au-delà du portage CPU, l'enjeu est d'exploiter le NPU. En la matière, les initiatives demeurent éparses et parfois portées sur un modèle spécifique - GIMP a ainsi un plug-in communautaire spécial Stable Diffusion. Qualcomm propose bien son propre hub IA, mais là aussi avec des trous dans la raquette, qu'il s'agisse des modèles disponibles ou de la documentation associée.
Dans ce contexte, les GPU dédiés - a fortiori ceux qui dépassent les 40 TOPS - pourraient constituer une forme de palliatif, même temporaire. Microsoft a d'ailleurs annoncé son intention d'y étendre certaines capacités conçues à l'origine pour solliciter exclusivement les NPU. Ceux-ci gardent cependant l'avantage du rapport performance par watt. Une réalité d'autant plus difficile à ignorer que l'autonomie est un argument fort des PC Copilot+. Et pas que sur le papier. Qualcomm a d'ailleurs largement privilégié le NPU au sein de ses SoC Elite, choisissant d'intégrer des GPU qui apparaissent peu performants (le hardware joue, mais les pilotes n'y sont pas étrangers).
Que ce soit sur GPU ou NPU, l'IA locale comporte un enjeu économique pour Microsoft : en l'état, l'essentiel des services Copilot sollicitent ses datacenters. La même logique se dessine pour Apple, les MacBook duquel sont, affirme Qualcomm, concurrents des PC Copilot+. Pour ce qui est des prix, effectivement. Concernant les NPU, la firme de Cupertino en est coutumière, en ayant intégré jusque dans ses montres connectées. Quant à logithèque native, l'éviction complète des processeurs Intel sur les Mac aura fait office d'incitation auprès des développeurs...
Sur le même thème
Voir tous les articles Workspace