Zoom - Five9 : pourquoi le deal à 15 milliards tombe à l'eau
Five9 devait se vendre à Zoom pour environ 15 milliards de dollars. Mais ses actionnaires ont coupé court au deal. Quel contexte à leur décision ?
Zoom mettra-t-il un jour la main sur Five9 ? Il en avait manifesté l'intention à la mi-juillet, après avoir trouvé un accord avec le conseil d'administration. L'objectif était de boucler l'acquisition au premier semestre 2022. Il n'en est plus question désormais : les actionnaires n'ont pas donné leur feu vert.
En toile de fond, deux éléments. D'une part, des doutes quant à la capacité de Zoom à maintenir sa croissance. De l'autre, la position délicate de l'entreprise face aux autorités américaines sur les enjeux de sécurité nationale.
Sur le premier volet, l'inquiétude tient aux déclarations faites fin août lors de l'annonce des résultats pour le deuxième trimestre fiscal 2022. Elles ne sont pas nouvelles, mais la menace se précise. Leur objet : le business en direct de Zoom, auprès des PME et des particuliers. Son taux de contribution au chiffre d'affaires recule... et cette dynamique devrait se poursuivre. La faute à ce segment de clientèle qui devient « plus volatil » à mesure qu'on entrevoit la fin de la pandémie. « Beaucoup d'entre nous se retrouvent désormais en personne [et} passent moins de temps sur Zoom », admet la société. Non sans reconnaître que le phénomène est « arrivé un peu plus vite que prévu ». Particulièrement en région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique). Dans ce contexte, elle ne s'estime pas en mesure de fournir des prévisionnels au-delà de son exercice 2022.
Zoom - Five9 : un deal sous tension politique
Qu'en est-il sur la question de la sécurité nationale ? Les États-Unis s'interrogent sur les relations de Zoom avec la Chine. Entre autres parce qu'une part importante de son effectif tech est basé sur place. Dont un ingénieur soupçonné d'avoir communiqué à Pékin des informations relatives aux comptes d'individus américains - y compris impliqués dans les services nationaux de sécurité. Zoom avait par ailleurs été surpris, l'an dernier, à stocker des clés de chiffrement sur des serveurs situés en Chine.
Zoom en reste donc, pour autant qu'on sache, à deux acquisitions. En mai 2020, il s'était emparé de Keybase. Contexte : l'implémentation du chiffrement de bout en bout, conséquence d'inquiétudes sur la confidentialité du service. Il y a quelques mois, ce fut au tour de Kites, start-up allemande spécialisée dans la traduction en temps réel.
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Fournisseur de logiciels et de services pour les centres de contact, Five9 est en Bourse depuis 2014. À fin 2020, il revendiquait « plus de 2000 clients », pour 1549 employés à temps plein. Sur l'année, ses revenus ont atteint 434,9 M$, en hausse de 33 % par rapport à 2019. La marge brute a légèrement reculé (-0,5 point). Et les pertes se sont creusées, dépassant 40 M$ (vs 4,6 millions en 2019 et 0,2 million en 2018). Ses dernières acquisitions ont porté sur Inference Solutions (chatbots, octobre 2020), Virtual Observer (optimisation du personnel, février 2020) et Whendu (iPaaS, novembre 2019).
Du côté de Zoom, le fer de lance sur le marché des centres d'appels ne se nomme désormais plus Five9, mais Video Engagement Center. Sortie prévue début 2022 pour cet outil conçu en interne.
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