HP réduit la voilure : effectifs et activités 'non rentables'
Nouveau revirement dans la stratégie de HP. Après avoir déclaré - lorsqu'elle a remplacé Leo Apotheker à la tête de Hewlett Packard alors que celui-ci avait eu l'outrecuidance d'évoquer le projet de séparation de l'activité PC - que le groupe ne fait qu'un, Meg Whitman, dans son rapport annuel 10-K adressé à la SEC (Securities and Exchange Commission, le gendarme de la bourse américaine), a indiqué « évaluer la disponibilité potentielle d'actifs et activités qui ne pourront continuer de contribuer à ne pas atteindre nos objectifs. »
En clair, la CEO de HP indique au marché le projet du groupe de se séparer de ses activités les moins rentables.
Après avoir taillé dans les effectifs.
La suppression annoncée de 29.000 postes, 27.000 début 2012 et une rallonge de 2000 en octobre, par licenciements ou départs volontaires et avant la fin 2014, ne suffira donc pas à satisfaire le conseil d'administration (board) et les actionnaires.
Dans le même document remis à la SEC, HP indique que ce plan de réduction d'effectifs a dépassé la moitié de son objectif, avec 17.800 postes supprimés en octobre 2012, soit 5% des effectifs globaux du groupe (349.600 à fin 2011).
Rappelons qu'en octobre dernier et devant des analystes et des journalistes de Wall Street, Meg Whitman avait déclaré « scale is a plus », confirmant la stratégie touche à tout de HP, et rappelant que le groupe ne souhaite pas se séparer de sa division PC. Tout juste concédait-elle un éventuel projet de fusion entre le PC et les imprimantes.
La fin du tout au catalogue ?
Depuis de nombreuses années, HP a adopté une stratégie visant à proposer le catalogue de solutions IT le plus large possible dans ses domaines de couverture, mais également une stratégie d'adoption du logiciel, alors qu'historiquement Hewlett Packard est une société d'ingénieurs spécialisés dans le matériel (hardware).
Cette seconde stratégie 'software & services', qui d'ailleurs était au cour du projet de Leo Apotheker, vise en réalité à transformer le constructeur en un nouvel IBM, sauf que ce dernier a entamé sa migration voici plus de dix ans, et avec un signe fort en coupant net dans son portefeuille avec la cession de sa division PC au chinois Lenovo, ne conservant dans le hardware que les serveurs et le stockage, soit ce qui déjà à l'époque était source de confortables marges.
Expérience malheureuse, en s'offrant Autonomy, négocié sous l'ère Mark Hurd (aujourd'hui président d'Oracle), HP pensait mettre la main sur la pépite qui allait lui permettre d'accomplir son rêve. Sauf qu'au prix exorbitant de 11 milliards de dollars, que nous dénoncions déjà à l'époque, le rêve a pris la tournure d'un cauchemar, s'amplifiant désormais à coups d'accusations et de provisions de charges, 8,8 milliards de dollars tout de même !
Où trancher ?
Alors, la question qui se pose aujourd'hui est de savoir quels seront ces « assets and business » (actifs et activités) qui seront déclarés non rentables, mis en vente et probablement soldés.
La division PC pourrait bien revenir sur le devant de la scène : victime encore une fois d'une nouvelle erreur stratégique, HP n'a pas su prendre à temps le virage de la tablette et du smartphone. Le PC est devenu une commodité, un produit très grand public même en entreprise, sur lequel seule la masse compte et tant pis pour la marge tant que l'on a l'ivresse des volumes !
La division imprimantes est probablement logée à la même enseigne. Quant à Autonomy, HP pourrait être tenté de recracher le poison qui s'est insinué dans ses veines, pensent certainement des membres du board. Mais là, la pilule financière aura du mal à passer. Et puis, le géant a dans son portefeuille de multiples divisions, sites, produits, services, qui feront l'affaire pour ramasser quelques miettes.
Mission difficile, gains aléatoires
Meg Whitman n'a donné aucune indication quant aux valeurs dont HP pourrait se séparer. En revanche, en signalant que son objectif est de revendre ce qui n'est pas jugé suffisamment rentable pour le groupe, les négociateurs de HP vont partir avec un sacré handicap !
Ce dont la CEO convient certainement : « Quand on décide de vendre des actifs ou une activité de l'entreprise, nous pouvons rencontrer des difficultés à trouver des acheteurs ou des stratégies de sortie alternatives à des conditions acceptables, en temps opportun, ce qui pourrait retarder l'atteinte de nos objectifs stratégiques. Nous pouvons également disposer d'une activité à un prix ou à des conditions qui sont moins souhaitables que nous l'avions prévu. »
Il faudra certainement également que HP, après ses effectifs, tranche dans son offre pléthorique. Ce qui ne signifie pas nécessairement de revendre, mais bien de simplifier un catalogue afin de se concentrer sur ce qui est stratégique, comme le cloud computing ou le Big Data, avec la volonté de le rendre rentable.
À trop se disperser, à ne rien céder à sa stratégie « scale is a plus », HP s'est finalement brûlé les ailes. Il n'est en revanche pas certain que la cession des activités non rentables suffise à redresser la barre. Quant au capitaine, il y joue son avenir, tout autant que celui du groupe. Dire que le virage aurait pu être pris plus tôt sans l'entêtement d'une vision si large, mais finalement si limitée.
L'avenir est loin d'être rose pour HP.
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