Digital workplace : Microsoft, facteur d'influence sur les intranets

Microsoft, un influenceur de l'ombre ?

Dans le domaine des intranets, on pourrait définir ainsi la position du groupe américain. En tout cas sur la foi de l'analyse que Gartner fait de ce marché, dans le cadre de son Magic Quadrant.

Comme l'an dernier, Microsoft en est absent, alors même qu'il jouit d'une "influence sans égale" sur ce segment. La raison : Gartner a limité son périmètre aux "solutions packagées" (IPS, Intranet Packaged Services), définies comme "prêtes à l'emploi". Par opposition à SharePoint, qui nécessite des composantes externes (de Microsoft ou de tierces parties), en tout cas pour satisfaire aux critères fonctionnels évalués.

Au-delà des assistants à base d'IA, Gartner constate l'émergence de super-apps ciblant les employés "de première ligne" (frontline workers). Il estime que les futurs challengers viendront probablement de segments adjacents à l'IPS. ServiceNow, qui a développé son Employee Center Pro en ce sens, illustre la tendance.

15 fournisseurs, 7 "leaders"

Les offreurs sont évalués sur deux axes. L'un prospectif ("vision"), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L'autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande ("exécution" : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...).

Sur l'axe "exécution", la situation est la suivante :

Sur l'axe "vision" :

Les 7 fournisseurs désignés "leaders" en 2023 le restent cette année. Il s'agit de Firstup, Interact, LumApps, Simpplr, Staffbase, Unily et Workvivo.

Firstup, pas le plus adapté à la gestion du travail

L'an dernier, Firstup fut crédité de bons points pour l'étendue de ses partenariats (conseil et implémentation) et l'innovation sur la partie GenAI. Gartner avait aussi apprécié sa stratégie marketing et son modèle économique lui ayant permis d'entrer dans l'IPS depuis le segment des communications d'entreprise.
Cette année, le cabinet américain salue plus globalement la stratégie commerciale/marketing. Ainsi que la capacité à répondre aux tendances du marché (exemples donnés : gouvernance, sécurité et qualité des données). Sur le volet innovation, il met en avant les fonctionnalités data-driven.

En 2023, Firstup ne s'était distingué ni sur l'extensibilité de ses solutions, ni sur le support hors de la plaque Amérique du Nord. Gartner avait aussi relevé un retard sur les use cases axés services aux employés et portails d'applications.
Cette fois, Firstup fait l'objet d'avertissements sur la localisation de ses datacenters (uniquement Irlande et USA) et sur l'inadéquation potentielle de son offre avec les scénarios impliquant des besoins complexes d'intégration pilotée par des développeurs. Attention aussi au focus sur la communication employé : Firstup pourrait ne pas convenir à qui recherche des fonctionnalités avancées de gestion du travail.

Interact, "pas réputé" pour le frontline

En 2023, Interact fut distingué sur la GenAI (analyse de sentiment, notamment). Gartner avait aussi noté sa connaissance des secteurs sur lesquels il s'était positionné. Et sa compréhension des besoins, autant lors de la vente que du déploiement.
Cette année, la GenAI reste un élément fort, dans le cadre d'un bon point plus global sur la partie innovation. Autre élément positif : l'expérience client (compréhension des besoins, collaboration efficace sur la personnalisation des solutions, partage de détails techniques favorisant la conformité).

L'an dernier, Gartner avait pointé le manque de présence d'Interact hors Amérique du Nord et Europe. Ainsi que sa tendance à se concentrer sur les structures d'au moins 2500 employés. L'offre n'apparaissait par ailleurs pas comme la plus adaptée pour les use cases hors de ses verticales de spécialisation.
Ce dernier élément reste d'actualité. S'y ajoute, cette fois-ci, le manque de profondeur de l'offre. Tout du moins, elle n'est "pas réputée" pour les scénarios impliquant de la com employé multicanale ou communautaire et des super-apps frontline.

LumApps, une stratégie sectorielle à parfaire

L'an dernier, l'absence de dépendance à Microsoft 365 ou Google Workspace avait valu un bon point à LumApps. Comme l'intuitivité de l'UI et l'innovation sur l'UX, à renfort d'assistants et de nudges.
Cette fois-ci, Gartner salue le catalogue d'intégrations et la capacité à intégrer les exigences sectorielles (sous forme de micro-apps). Ainsi que les investissements dans l'innovation (com multicanale, assistant numérique frontline).

En 2023, LumApps ne s'était pas distingué sur sa stratégie verticale (préférence pour les use cases "universels"). Gartner avait aussi souligné les efforts de développement, déploiement et design nécessaires pour adopter la solution. Ainsi que les conflits potentiels avec la roadmap de Microsoft.
Cette année encore, la stratégie sectorielle vaut un avertissement à LumApps (entre autres, les micro-apps peuvent être jugées "trop superficielles"...). Attention aussi à l'extentisibilité de la solution (efforts plus importants qu'attendu) et à l'écosystème de partenaires, "encore en évolution".

Simpplr manque de flexibilité

En 2023, Simpplr s'était distingué par une adoption plus fréquente que les concurrents sur les use cases hybrides (desk + frontline workers). Gartner avait aussi salué la facilité de mise en place et d'usage. Ainsi que la tendance des clients à mieux connaître et maîtriser les possibilités de la solution que chez d'autres fournisseurs.
Cette année, Gartner salue l'approche "prépackagée" assortie d'options de personnalisation. Il fait de même pour la stratégie commerciale, la qualité du support et des fonctionnalités comme la recherche et la gouvernance de contenu.

L'an dernier, l'extensibilité n'était pas le fort de Simpplr. Le support (présence concentrée aux USA) et la stratégie sectorielle non plus.
Cette fois encore, Gartner pointe l'étendue géographique limitée et ses effets potentiels sur le support. Il explique aussi que Simpplr n'est pas le plus flexible en matière de configuration et de personnalisations. L'éditeur a par ailleurs une marge de progression sur l'expérience mobile et la gestion des actifs numériques.

Staffbase : une marge de progression sur le plan fonctionnel

En 2023, Staffbase avait été crédité de bons points pour son focus historique sur les frontlines et son héritage dans le domaine de la communication multicanale. Gartner avait aussi salué les intégrations avec l'écossytème Microsoft.
Cette année encore, le focus sur la com employé vaut un bon point à Staffbase, en "bon complément" à l'intégration avec les outils de Microsoft. Autre élément positif : le niveau d'unification de la solution entre desktop et mobile. Elle est jugée intuitive, en particulier sur l'administration. S'y sont ajoutés des indicateurs fondés sur des objectifs.

Comme bien d'autres "leaders", Staffbase ne s'était pas distingué, l'an dernier, sur la stratégie verticale, ni sur l'extensibilité. Idem sur le support hors Amérique du Nord et Europe.
Cette fois encore, Gartner souligne le manque d'offres sectorielles spécifiques. Il y ajoute une marge de progression sur certaines fonctionnalités (analytics/reporting, notifications, recherche)... et un point de vigilance sur la souveraineté des données pour qui ne se trouve pas en Amérique du Nord, en Europe ou en Australie.

Unily : vigilance sur l'extensibilité

En 2023, Unily fut un des seuls "leaders" à se distinguer positivement sur l'extensibilité. Gartner lui avait aussi attribué des bons points sur l'innovation (exemples donnés : résumé par IA et mode hors ligne pour les frontlines) et pour sa brique Universe, à mi-chemin entre gestion des connaissances et des communautés.
Cette année, Unily est vanté pour son adéquation aux scénarios content-centric (création de pages, édition de sites, gestion d'images et de vidéos...). Autre point fort : le niveau de segmentation des profils d'utilisateur, et les capacités de personnalisation qui en découlent. Unily se révèle aussi particulièrement adapté aux déploiements à grande déchelle, de par son modèle de configuration, ses possibilités de provisionnement et la finesse de sa gestion des permissions.

L'an dernier, Gartner avait mentionné la tendance de certains clients à pointer la lenteur du support. Le cabinet américain avait aussi relevé de moindres investissements sur les partenariats d'implémentation hors Amérique du Nord et une prise en charge moins importante que chez la concurrence pour le use case gestion du travail.
Cette fois, Unily fait l'objet d'un avertissement quant à ses limites de prise en charge de la gestion du travail et de la collaboration des frontlines. Ainsi que pour son focus sur les grandes entreprises (plus de 10 000 employés, au sens de Gartner ; en dessous, il peut s'avérer difficile de contractualiser et/ou d'utiliser le produit). Attention aussi, sur la partie extensibilité, à l'usage du framework Angular Module Federation, qui "peut s'opposer aux standards d'architecture front-end".

Workvivo exposé à la "standardisation Microsoft"

Workvivo est l'un des rares à proposer une offre exhaustive sur la gestion de communautés, et il arrive plus globalement à éviter les conflits avec l'existant (solutions de productivité, de gestion des tâches, etc.) avait affirmé Gartner en 2023. Son acquisition par Zoom avait, en outre, renforcé sa notoriété au sein des short-lists.
À l'acquisition a fait suite l'intégration, qui a étendu la proposition de valeur de l'IPS Workvivo, affirme désormais Gartner. En paralèle, un autre élan est venu du partenariat avec Meta. Ce dernier, ayant abandonné son RSE Workplace, recommande à sa clientèle de migrer vers Zoom.

Workvivo est présent surtout sur les plaques Europe et Amérique du Nord, avait souligné Gartner l'an dernier. Et son approche verticale "manque de nuance". En outre, son offre présente un risque de dépendance pour les entreprises à forte empreinte Microsoft.
Cette année, le problème est pris sous un autre angle : la standardisation autour de la stack Microsoft... et la perte de clientèle qu'elle implique pour Zoom. La présence régionale limitée reste un point faible. S'y ajoutent les limites en matière de gestion du travail (l'accent étant mis sur la com multicanale).

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