Dix ans après Docker, les principales plates-formes de conteneurs

Conteneurs hyperscalers

Six fournisseurs sont « leaders » dans le premier Magic Quadrant de la gestion des conteneurs. À quels titres ?

Solutions edge ? Offres serverless ? Moteurs multiclusters ? Aucune de ces options n’était obligatoire pour figurer au premier Magic Quadrant de la gestion des conteneurs.

Gartner a laissé la porte grande ouverte sur le volet technologique, n’imposant guère que la disponibilité de fonctionnalités DevOps. Sur le volet économique, il fallait respecter l’un des deux critères suivants :

> 100 M$ de CA 2022 sur ce marché et au moins 100 clients en prod
> 30 M$ de CA et au moins 30 clients de plus à fin 2022 vs fin 2021

Gestion des conteneurs : 12 fournisseurs, 6 « leaders »

Le positionnement des fournisseurs dans le Quadrant de la gestion des conteneurs résulte de la combinaison d’évaluations sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

Au 1er avril 2023, la situation sur l’axe « vision » était la suivante :

Fournisseur
1 Microsoft
2 Google
3 Red Hat
4 AWS
5 VMware
6 Alibaba Cloud
7 SUSE
8 Oracle
9 Huawei
10 Tencent Cloud
11 Mirantis
12 Canonical

 

Sur l’axe « exécution » :

Fournisseur
1 Google
2 AWS
3 Microsoft
4 Red Hat
5 VMware
6 Alibaba Cloud
7 SUSE
8 Tencent Cloud
9 Huawei
10 Canonical
11 Oracle
12 Mirantis

 

Alibaba Cloud sur l’edge, AWS sur le serverless

Six fournisseurs se placent dans le carré des « leaders » : Alibaba Cloud, AWS, Google, Microsoft, Red Hat et VMware.

Alibaba Cloud se distingue par la profondeur de son portefeuille ; en particulier sur les solutions edge et cloud hybride (ACK@Edge, Apsara Stack, CloudBox…). Il est cependant moins avancé que les autres « leaders » sur la combinaison des briques qui composent son offre. Sa présence hors Chine reste par ailleurs limitée.

AWS a pour lui la diversité de sa clientèle. Sa gamme serverless lui vaut aussi un bon point, comme le niveau d’intégration avec le reste de ses services d’infrastructure et de gestion.
Gartner n’est pas aussi positif concernant la gestion de flottes de clusters (absence d’outils natifs). Même chose sur la partie multicloud (la principale option consiste à déployer EKS Distro sur d’autres clouds publics). Il souligne aussi la difficulté que les entreprises ont parfois à faire la différence entre ECS et EKS.

L’influence de Google, les intégrations de Microsoft

Gartner perçoit l’influence de Google sur la communauté Kubernetes comme un point fort, renforcé dernièrement par le don d’Istio et de Knative à la CNCF. Le cabinet américain apprécie aussi la simplicité du catalogue (notamment l’UX des offres serverless) et les fonctionnalités « différenciantes » telles que le service mesh managé et le réseau interclusters.
Google est, en revanche, en retard sur ses principaux concurrents pour ce qui est de l’écosystème de partenaires. Il l’est aussi au niveau des solutions de gestion des environnements edge et on-prem. Ainsi que sur l’adoption pour les cas de modernisation applicative.

Comme AWS, Microsoft se distingue sur l’intégration avec le reste de son cloud public. Autre point fort : le cloud hybride, avec AKS disponible sur Azure Stack HCI et Azure Arc pour gérer des clusters hors Azure. L’intégration de ses services de conteneurs au sein de GitHub et d’Azure DevOps lui vaut aussi un bon point.
Gartner regrette, au contraire, lemanque de capacités de gestion de clusters sur d’autres clouds publics ou sur vSphere. Il relève aussi que Microsoft propose moins d’images certifiées pour les frameworks et les langages populaires que les autres « leaders ». Tout en soulignant les pannes que des clients ont déplorées sur AKS, essentiellement en lien avec des mises à jour et des opérations de maintenance.

Red Hat et VMware boostés par leurs acquisitions

Chez Red Hat, la couverture fonctionnelle est un point fort. Il en va de même pour la capacité de l’éditeur à coller aux attentes du marché (technologies, partenariats). Et pour les acquisitions qui ont renforcé OpenShift (CoreOS, Codenvy, Ansible, Stackrox).
Red Hat ne se distingue pas positivement sur la tarification, « relativement élevée ». Dans le même ordre d’idée, plusieurs fonctionnalités-clés sont premium alors qu’elles sont standards chez les concurrents. Gartner note aussi la dépendance à un Linux maison.

Des acquisitions, VMware en a également réalisé un certain nombre (Heptio, Pivotal, Bitnami, Saltstack, Octarine), que Gartner salue. Il fait de même pour les capacités de gestion multicluster, comme pour la clientèle et l’écosystème de partenaires.
Ces multiples acquisitions, couplées aux nombreux projets R&D dont se nourrit la gamme Tanzu, peuvent la rendre difficilement lisible. Le passage dans le giron de Broadcom laisse un autre flou (prix, support, continuité des offres…) que Gartner souligne dans d’autres de ses Magic Quadrants.

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